Gabon : « Les entreprises qui ont tenté de se faire payer des créances fictives pourraient être exclues des appels d’offres publics » (Jessye Ella Ekogha)

Jessye Ella Ekogha s'entretenant avec les journalistes nationaux et internationaux mardi 17 novembre à l'hôtel Le Cristal de Libreville © DR

C’est ce qu’a indiqué hier le porte-parole de la Présidence de la République, très en pointe sur le dossier de la dette intérieure, devant un parterre de journalistes qu’il a reçu pour un échange approfondi. 

C’est une petite phrase mais qui va faire grand bruit. De celle dont ce communicant expérimenté a le secret.

Hier, mardi 17 novembre, à l’hôtel Le Cristal de Libreville, Jessye Ella Ekogha avait convié les journalistes des médias nationaux et internationaux pour un échange approfondi et à bâtons rompus, comme il en a pris l’habitude.

C’est au détour d’une question sur les travaux de la taskforce sur la dette intérieure, sujet de préoccupation majeure pour la Présidence gabonaise, que son porte-parole a indiqué que « les entreprises qui ont, en connaissance de cause, tenté de se faire payer des créances fictives pourraient être exclues à l’avenir des appels d’offres publics. »

Une annonce qui a fait l’effet d’une bombe alors que le sujet de la dette intérieure est devenu explosif depuis que la taskforce sur la dette intérieure a conclu que les deux tiers de la dette auditée (ce qui représente la bagatelle de 440 milliards de FCFA) étaient en réalité fictifs.

De possibles suspensions et radiations pour les fonctionnaires 

Outre l’interdiction à l’avenir pour les entreprises peu scrupuleuses de participer à des appels d’offres publics, le porte-parole et directeur de la communication de la Présidence a indiqué qu’en sus d’éventuelles sanctions judiciaires qui pourraient être prononcées à l’encontre des opérateurs concernés mais également de leurs complices au sein de l’administration, « l’Etat prendra(it) toutes ses responsabilités ».

Les fonctionnaires reconnus coupables de complicité et sanctionnés par la Justice pourraient ainsi faire l’objet par surcroit de mesures disciplinaires d’ordre administratif, allant de la suspension pour une durée plus ou moins longue à la radiation de la fonction publique dans les cas les plus graves.

Un avertissement qui en dit long sur la détermination des autorités à aller jusqu’au bout sur ce dossier, nonobstant les tensions apparentes. Ces derniers jours, l’expert judiciaire Pierre Duro, l’une des chevilles ouvrières de la taskforce sur la dette intérieure, a reçu des menaces de mort (lire notre article). « La preuve qu’on a mis le doigt là où il le fallait », a rétorqué placidement et avec sang froid Jessye Ella Ekogha.