Gabon : Le maire de Libreville, Léandre Nzué, placé en garde à vue

Le maire de Libreville, Léandre Nzué, a été placé vendredi 11 septembre en garde à vue © DR

Léandre Nzué a été placé ce vendredi 11 septembre en garde à vue après avoir été longuement interrogé dès 11 heures du matin au B2 dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds et abus de biens sociaux, indiquent des sources judiciaires.

Ce placement en garde à vue du maire de Libreville fait suite à l’audition durant toute cette semaine par les services de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM), communément appelée B2, de plusieurs de ses collaborateurs.

Placé en garde à vue à l’issue de son audition, Léandre Nzué passera donc le weekend sous les verrous avant d’être présenté lundi au procureur de la République, André Patrick Roponat.

Les raisons de son interpellation tiendraient, selon différentes sources judiciaires, à la découverte de faux mandats correspondants à des décaissements mensuels de 33 millions de francs CFA qui gonflaient artificiellement la masse salariale et dont le maire aurait été le bénéficiaire. Pour quel usage ? Personnel ? Politique ? Les deux ? A l’enquête de le démontrer. Une autre source évoque elle, également, un système d’extorsion de fonds dont des dizaines de commerçantes de Libreville auraient été les victimes.

Pour rappel, lors d’une conférence de presse le 18 juin dernier, Léandre Nzué avait affirmé publiquement recruter des agents au sein de la mairie de Libreville en vue de constituer une clientèle électorale (lire notre article). Une pratique clientéliste susceptible de déboucher sur des emplois fictifs qui est punie par la loi.

A l’époque, cette déclaration avait été fermement condamnée par son parti, le PDG. Cette semaine, les responsables des groupes politiques, y compris ceux de l’opposition, lui ont apporté leur soutien (lire notre article). Si un vaste scandale de corruption était mis à jour au sein de la mairie, ils pourraient eux aussi être amenés à s’expliquer devant la Justice.

Quoi qu’il en soit, l’interpellation du maire de Libreville, par ailleurs président jusqu’en 2021 de l’Association des cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, qui intervient dix mois après celle d’une trentaine de hauts responsables publics dans le cadre de l’enquête anti-corruption Scorpion qui a notamment coûté son poste à l’ex-directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, est le signe qu’au Gabon, quel que soit son poste ou son statut, il n’y a plus d’impunité pour celles et ceux qui se livrent à des détournements de fonds publics.