Gabon : L’astuce proposée par les régies financières pour percevoir la prime de performance de février à laquelle elles n’ont pourtant pas droit

Les régies financières menacent à nouveau de faire grève au Gabon © DR

N’ayant pas atteint les objectifs fixés en vertu de l’article 8 du « décret fixant les modalités d’évaluation et d’attribution de l’intéressement spécifique servi aux agents des administrations des Douanes, des Impôts, du Trésor et des Hydrocarbures », les agents publics qui y sont rattachés ne pourront prétendre en février au versement de la prime de performance budgétaire. Il n’empêche, les syndicats pensent avoir trouvé la solution pour contourner l’obstacle. Et peu importe, au passage, les autres considérations d’ordre juridique ou économique. 

Le versement de la prime de performance aux régies financières pour le mois de février n’en finit pas de faire polémique.

Pour rappel, les régies financières n’ont pas rempli en février dernier les objectifs leur permettant de prétendre au versement de la prime de performance.

En effet, l’atteinte des objectifs est collectif, précise clairement le décret précité, autrement dit mutualisé entre les différentes régies financières. Hors, si sur le segment hydrocarbure, le taux d’exécution des recettes, de l’ordre de 116 % par rapport à l’objectif initial, est largement positif, ce n’est pas le cas des douanes (79 % seulement) et, surtout, des impôts dont le taux d’exécution (c’est à dire de recouvrement des recettes par rapport à l’objectif initial) n’est que de 49 %.

Sur le plan juridique, les choses sont par conséquent limpides. Les régies financières ne peuvent prétendre au versement de la prime de performance au titre du mois de février.

La Fecorefi pense avoir trouvé la martingale pour ménager la chèvre et le chou

Mais les syndicats en font manifestement peu de cas. A commencer par la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi), principale confédération syndicale du secteur. Celle-ci, pas totalement à l’aise avec la situation car se sachant « hors le droit », pense tout de même avoir trouvé la martingale pour, comme le dit un de ses leaders, « ménager la chèvre et le chou ».

Son idée ? Verser non pas 100 % mais 50 % de la prime de performance du mois de février, les régies financières ayant atteint peu ou prou 75 % de l’objectif fixé pour la perception de cette prime.

« Solution » baroque

Cette solution, si elle peut de prime abord paraitre louable dans sa volonté de recherche d’un consensus, est en réalité totalement baroque. D’une part, le droit, qui est très clair en l’espèce, ne se négocie pas. Il revient en particulier aux fonctionnaires de l’appliquer dans toute sa rigueur. En l’espèce, pour percevoir la prime de performance mensuelle, les régies financières doivent atteindre la totalité de l’objectif. Nulle part il n’est fait mention d’un versement proportionnelle en fonction de l’objectif réellement atteint. D’autre part, dans le contexte économique actuelle, qui appelle chacun au sens des responsabilités dans l’utilisation des deniers publics, c’est peu dire que l’attitude des syndicats apparait complètement déplacée. D’autant que les agents en question bénéficient de la sécurité de l’emploi et des salaires, ce qui est très loin d’être le cas de tous au Gabon.

« Chantage »

« Certains syndicats vivent hors de la réalité, dans un monde parallèle », commente un haut-fonctionnaire du ministère de la Fonction publique. Force est de constater que ceux-ci viennent à nouveau d’en faire la démonstration. Et pour ne rien arranger, ils menacent de faire grève s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Une forme de « chantage » qui ne risque pas d’améliorer leur imager d’ « enfants gâtés » aux yeux de la majorité de l’opinion.