Gabon : l’AFP réécrit sa dépêche à la demande de la cellule de communication de Jean Ping

Jean Ping lors de son arrivée au meeting organisé samedi 15 décembre 2018 près de son QG du quartier des Charbonnages à Libreville © DR

Après avoir écrit hier que l’opposant n’avait pas participé à la marche de protestation improvisée à l’issue de son meeting, l’Agence France Presse (AFP) a diffusé ce matin une seconde version dans laquelle elle soutient le contraire.  

Jean Ping n’est pas content. Et son équipe de communication l’a fait savoir à l’AFP. En cause, la dépêche rédigée par l’agence et diffusée hier en fin d’après-midi.

« La marche des partisans de M. Ping, improvisée après le meeting et à laquelle il n’a pas participé, était la première manifestation de relative importance depuis l’absence le 24 octobre du président Ali Bongo », a écrit l’AFP dans une première dépêche diffusée auprès des médias en fin d’après-midi.

Première version de la dépêche AFP diffusée samedi 15 décembre en fin d’après-midi. Source : Africa1.com

Rétropédalage. Ce matin, l’AFP diffuse une nouvelle version de sa dépêche avec une version diamétralement opposée. « La marche des partisans de M. Ping, improvisée après le meeting et à laquelle il a participé, était la première manifestation de relative importance depuis l’absence le 24 octobre du président Ali Bongo », peut-on lire dans cette nouvelle version, enrichie au passage, pour faire meilleure figure, d’une citation du porte-parole de la Coalition pour la nouvelle république (CNR), Clay Martial Obame.

Deuxième version de la dépêche de l’AFP diffusée dimanche 16 décembre en début de matinée. Source : Atlantico.fr

Pour enfoncer le clou, l’une des journalistes de l’agence en poste à Libreville diffuse un tweet dans lequel elle met en avant cette information. « La marche samedi d’environ 500 partisans de M. Ping, improvisée après le meeting et à laquelle il a participé, était la première manifestation de relative importance depuis l’absence du président Ali Bongo, victime d’un AVC depuis le 24 octobre », écrit sur son compte Twitter Caroline Chauvet. Aurait-on voulu se rattraper qu’il aurait été difficile de faire mieux.

Que s’est-il passé entre temps ? Un coup de téléphone de l’équipe de communication de Jean Ping à la journaliste de l’AFP, nous ont rapportés plusieurs sources.

Mais qu’en est-il des faits ? Selon plusieurs témoins, à l’issue de son meeting, Jean Ping a marché quelques mètres avec ses partisans avant de retourner rapidement à son QG du quartier des Charbonnages dans le 1er arrondissement de Libreville. Une attitude qui lui a valu de nombreuses critiques de la part de ses partisans (lire notre précédent article à ce sujet).

Au Gabon, l’AFP est souvent taxée de bienveillance, voire de complaisance, à l’égard de l’opposition d’une manière générale et de Jean Ping en particulier (lire notre précédent article à ce sujet).

Hier, l’Agence France Presse a ainsi indiqué qu’ « environ 500 personnes » s’étaient rendus au meeting de l’opposant près de son QG du quartier des Charbonnages dans le 1er arrondissement de Libreville. Selon la police, 300 manifestants seulement ont été dénombrés. D’autres sources, plus neutres et crédibles, avancent, elles, le chiffre de 350 à 400 manifestants.