Gabon : Jean Ping critiqué par ses militants après l’appel à une marche de protestation improvisée

Jean Ping, samedi 15 décembre 2018 © DR

« Je ne vous retiens plus. La voie est libre. Vous pouvez foncer. C’est le moment ! », s’est exclamé l’opposant à la fin de son meeting samedi 15 décembre dans le quartier des Charbonnages dans le premier arrondissement de Libreville. Mais cette marche, rapidement dispersée dans le calme par les forces de l’ordre, a été critiquée par une partie des militants présents. 

« Quand toutes les voies de la négociation et de la diplomatie sont bloquées ; Quand la concertation a échoué, il ne reste plus que la confrontation […] Je ne vous retiens plus. La voie est libre. Allez-y carrément, n’hésitez plus ! », a lancé l’opposant aux 350 à 400 militants présents lors de son meeting samedi 15 décembre après-midi à proximité de son QG.

Jean Ping, candidat malheureux lors de la présidentielle de 2016, joue là son va-tout pour tenter de profiter des ennuis de santé d’Ali Bongo, en convalescence actuellement au Maroc.

Mais si l’harangue de l’opposant a galvanisé une partie de ses troupes, nombreux ont été ses militants à s’être dits déçus par l’attitude de leur leader qui n’y a pas véritablement participé (lire notre article suivant à ce sujet).

« Il devrait montrer l’exemple »

« Il appelle à manifester mais il ne vient pas avec nous. Il reste au chaud dans son QG pendant que nous, on nous envoie au casse-pipe », peste Marc, l’un des militants présents au meeting. 

Une opinion partagée par Martine, enseignante à Port-Gentil, venue à Libreville pour l’occasion. « Le président Ping nous demande de marcher, donc de prendre des risques. Mais il devrait montrer l’exemple et être parmi nous. Or, ce n’est pas le cas. Il marche quelques mètres avec nous et ensuite, il retourne chez lui », déplore-t-elle.

Pour Eric, un électricien venu de Lambaréné, pour écouter son « champion », les conditions de l’ « insurrection », comme il le dit, ne sont de toute façon pas réunies. « Il faudrait que l’on soit au moins 50 fois plus. Là, nous ne sommes que quelques centaines. Comment pouvons-nous faire le poids face aux forces de l’ordre ? », s’interroge-t-il.

Hier, est finalement arrivé ce qui devait arriver. Une trentaine de policiers anti-émeutes ont dispersé dans le calme, sans violence, les 350 à 400 personnes qui venaient d’assister au meeting de Jean Ping à son QG et s’étaient lancées dans une marche improvisée, ne sachant véritablement où aller.