Gabon : La remontée du pétrole à 80 dollars, une première depuis trois ans, constitue une bouffée d’oxygène pour les finances publiques

Le Gabon bénéficie à plein de la remontée des cours du brut © DR

La demande de pétrole est poussée par la reprise économique et la hausse du prix du gaz. L’offre, elle, est toujours amputée par le passage de l’ouragan Ida dans le golfe du Mexique.

Pour les pays producteurs d’or noir, à l’instar du Gabon, c’est une bonne nouvelle qui viendra impacter positivement les finances publiques.

Alors que début 2020, le prix du brent avait plongé à 16 dollars en raison de la paralysie complète de l’économie mondiale, il a dépassé les 80 dollars hier mardi 28 septembre, du jamais vu depuis trois ans. Depuis le début de l’année, il progresse de 54 %.

Le brent, référence européenne, gagne 0,84 % ce mardi pour atteindre 80,20 dollars. Même tendance pour le WTI, référence américaine, qui grimpe de 1,32 % à 76,32 dollars, non loin des 76,40 dollars atteints début octobre 2018.

Cette remontée des cours s’explique par une demande solide en sortie de crise et une offre de pétrole encore restreinte. La vaccination et l’assouplissement des restrictions, la reprise des trafics aérien et routier soutiennent la demande en carburant en Europe et en Amérique du Nord.

Les tensions sur le marché du gaz dopent également la consommation de pétrole, notamment en Chine. Les industriels se tournent vers le brut pour produire de l’électricité car le gaz est trop cher ou tout simplement indisponible.

Forte demande et offre limitée

Le recours au charbon, dont le prix a presque doublé, est impossible pour des raisons de pollution : les autorités chinoises essaient de limiter la pollution en amont des Jeux Olympiques d’hiver en 2022 pour préserver le ciel bleu au-dessus de Pékin. Les mesures antipollution ont d’ailleurs conduit à de nombreuses coupures de courant à travers le pays.

Du côté de l’offre, la production américaine souffre toujours des conséquences de l’ouragan Ida. Dans le golfe du Mexique, les extractions de pétrole étaient à la mi-septembre encore 16 % inférieures à leur niveau normal. Depuis que l’ouragan a touché les côtes américaines fin août, ce sont 27,4 millions de barils qui ne sont pas sortis de terre.

Au sein de l’Opep (dont le Gabon est membre) et de ses partenaires, dont la Russie (Opep +), la production est, elle aussi, moins importante que prévu. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les pays du groupe ont extrait en août 860.000 barils de moins que ne le prévoyait l’accord, principalement en raison de perturbations en Angola, au Nigeria et au Kazakhstan. Dans le pays d’Asie centrale, la situation semble toutefois s’améliorer, avec une production revenue à 1,75 million de barils par jour.

Dans cet environnement, les stocks de brut ont tendance à baisser à un rythme effréné. Au point que Goldman Sachs juge improbable que l’Opep + parvienne à rééquilibrer le marché dans les mois qui viennent. Selon les experts de la banque, le baril de pétrole va toucher les 90 dollars avant la fin de l’année.

Début septembre, l’OPEP et ses alliés ont acté une hausse progressive de la production , avec la mise sur le marché de 400.000 barils supplémentaires tous les mois et ce, jusqu’en septembre 2022. L’Opep + se réunira lundi prochain pour entériner une nouvelle hausse de production.

En attendant, la hausse des cours du brut est une bonne nouvelle pour les finances publiques des pays producteurs. C’est le cas notamment au Gabon qui bénéficie mécaniquement d’un surcroit de recettes publiques bienvenu alors que l’économie mondiale demeure impactée par les mesures prises pour contrer la pandémie de Covid-19.