Gabon : Jean Ping critiqué pour son « instrumentalisation » de la mort d’un médecin infecté par le Covid-19

Jean Ping lors d'une déclaration sur Facebook le 13 mars dernier © DR

Hier jeudi, l’ex-leader de l’opposition a tweeté au sujet de la mort d’un médecin gynécoloque, le deuxième patient à décéder au Gabon après avoir été infecté par le Covid-19.

« Les conditions dans lesquelles survient le premier décès d’un médecin des suites du #COVID19 au #Gabon, suscitent la consternation. Mes sincères condoléances à sa famille et mon indéfectible soutien à tout le corps médical », a écrit Jean Ping.

Pourtant, les circonstances de la mort du Dr Tanguy de Dieu Tchantchou, médecin gynécologue à l’Hôpital d’instruction des armées, ont été rendues publiques aussitôt par les autorités sanitaires gabonaises, deux heures seulement après la constatation clinique du décès (lire notre article) et expliquées de manière très exhaustive dans la soirée par le Dr Guy-Patrick Obiang Ndong lors de son point de presse quotidien sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19.

« Nous avons enregistré ce matin un deuxième cas de décès lié au Covid-19, il s’agit d’un médecin, âgé de 41 ans, gynécologue-obstétricien, exerçant à l’Hôpital d’instruction des Armées Omar Bongo Ondimba, avec des antécédents de diabète. Il a été admis le 6 avril 2020 à l’Hôpital d’instruction des Armées d’Akanda (HIAA) pour détresse respiratoire. Deux jours plus tard, devant l’aggravation de son état de santé et le résultat positif au Covid-19, il a été transféré au service de réanimation où il a séjourné durant 16 jours. Ce matin, il a rendu l’âme à 10h30, malgré tous les soins que ses confrères lui ont donnés pour le maintenir en vie » , a indiqué le porte-parole du Comité de riposte face au Covid-19 ce jeudi 23 avril, précisant que le médecin décédé souffrait de comorbidités, en particulier d’un diabète (tout comme le premier patient décédé).

Au sein du personnel soignant de l’HIAA, très affecté par l’annonce du dècès de leur collègue, les accusations de Jean Ping sont ressenties comme une injustice. « Cela peut donner l’impression que nous aurions failli dans notre mission, que nous n’aurions pas tout fait pour le sauver », déplore ce médecin-urgentiste qui rappelle que le Dr Tchantchou avait été infecté en dehors du cadre médical.

Du côté du PDG, le parti au pouvoir, on prend moins de précaution pour fustiger les propos de l’opposant. « Jean Ping avait appelé en mars dernier les populations a ne pas écouté les consignes des autorités et à se référer à la société civile et aux leaders religieux. C’est totalement irresponsable », rappele en vitupèrant un député PDG de Port-Gentil (lire notre article). « Il se fourvoie à nouveau en tentant d’instrumentaliser la mort d’un homme », poursuit-il.

« Plutôt que d’apporter son concours aux autorités et à la collectivité en ces temps difficiles, Jean Ping reste obnubilé par sa quête du pouvoir, dont il ne fera jamais son deuil », croit savoir l’élu, qui conclut son propos d’une formule tranchante : « Il aurait pu se hisser au rang d’homme d’Etat. Il a choisi les habits étriqués du petit politicien ».