Gabon : Opportuniste, délirant et irresponsable, le discours raté de Jean Ping sur le coronavirus

Sur la forme comme sur le fond, Jean Ping a raté sa sortie sur le coronavirus ce vendredi 13 mars 2020 © DR

Tentant visiblement de profiter de la détection du premier cas testé positif au coronavirus au Gabon, Jean Ping a prononcé cet après-midi un discours pour le moins stupéfiant. 

Raté sur la forme comme sur le fond.

Mal scénarisé, mal filmé, mal coupé (« vous voulez que je recommence ? », entend-t-on en guise de conclusion), le discours qu’a prononcé Jean Ping ce vendredi après-midi ne devrait pas rester dans les annales, si ce n’est en tant qu’exemple à ne pas suivre.

Il y a tout d’abord ce côté opportuniste. En perte de vitesse politiquement, l’opposant n’a pas hésité à tirer profit de la crise du coronavirus pour tenter de se refaire une santé. Plutôt que de faire bloc au moment où la Nation est confrontée à un défi, il joue clairement la carte de la division. D’ailleurs, face à l’épidémie, à aucun moment, il n’appelle à s’en remettre aux autorités. Non, la consigne de Jean Ping est plutôt de se tourner vers la société civile ou les confessions religieuses. Pas sûr que les Gabonais, bien plus avisés, s’y retrouvent le moment venu. Chacun le sait, en pareille situation, c’est naturellement vers le système sanitaire, qui s’est préparé des semaines durant, qu’il faut se tourner.

Ensuite, il y a la dramatisation excessive et les fake news au moment où, au contraire, il convient de dire la vérité aux Gabonais en s’en tenant au fait. Manifestement, Jean Ping choisit, à l’inverse, de revêtir les habits du prophète de malheur. « Cette pandémie peut mettre en péril l’existence de notre Nation en faisant disparaître des pans entiers de notre faible population », ne craint-il pas de déclarer. « C’est un énorme mensonge », s’étrangle un responsable de l’OMS en Afrique centrale. Au total, au niveau mondial, hier jeudi, on enregistré 4.560 morts pour 124.101 cas d’infection. De là à parler d’hécatombe à l’échelle de la planète, il y a un gouffre. Alors y faire référence à l’échelle d’un pays où un seul cas jusqu’à présent a été enregistré, c’est proprement délirant », vitupère ce médecin.

Enfin, il y a le retard à l’allumage. Jean Ping a en effet attendu le lendemain de la détection du premier cas de coronavirus pour réagir sur un sujet sur lequel il n’a dit mot ces dernières semaines. Pendant ce temps, les autorités, elles, mettaient les mains dans le cambouis, préparant le système de santé et prenant une batterie de mesures préventives pour retarder autant que faire se peut la propagation du virus. Preuve que l’opposant semble larguer sur le sujet, il n’a fait que répéter, peut-être sans s’en rendre compte, les recommandations d’hygiène (se laver régulièrement les mains, tousser dans son coude…) et de distanciation sociale (ne plus se saluer ou s’embrasser) préconisées et diffusées il y a plusieurs jours déjà par le gouvernement.

De là à y voir le fait que Jean Ping est complètement dépassé, il n’y a qu’un pas que ses détracteurs, de plus en plus nombreux y compris dans son propre camp, n’hésitent plus à franchir. A 78 ans cette année, il est grand temps, selon eux, pour l’ex-chef de file de l’opposition de transmettre le témoin.