Gabon : En perte de vitesse sur le plan judiciaire, le collectif d’opposants Appel à agir contré cette semaine sur son terrain favori, les médias, par les partisans d’Ali Bongo

L'avocat du président gabonais, Me Aimery Mavoungou, invité du JT Afrique de France 24 jeudi 29 août © France 24/Impression écran

Sachant pertinemment que leur action en justice aux fins d’obtention d’une expertise médicale sur la personne du président de la République ne pourrait aller jusqu’à son terme, le collectif d’opposants avait tout miser sur la communication. Mais leur plan ne s’est pas déroulé comme prévu. 

La faute aux équipes du président qui, cette semaine, sont venues contrer le collectif d’opposants d’Appel à agir sur son terrain de prédilection : les médias internationaux. Là où, précisément, ils pensaient pouvoir délayer leur discours en « terrain conquis ».

Pourtant, pour Appel à agir, tout avait bien commencé. En guise de porte-parole, le collectif avait désigné l’un des leurs, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. RFI le 18 août, France 24 le 22 août et, espérait-il, TV5 le 28 août. Sauf que tout ne s’est pas déroulé comme prévu, loin s’en faut.

D’abord, il y a eu l’épisode TV5. Alors qu’Appel à agir pensait avoir décroché une invitation seul en plateau pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, la chaîne d’information a finalement choisi d’organiser, dans un souci d’équilibre, un débat avec l’avocat du président Ali Bongo. De crainte d’être un peu court sur le plan juridique, M. Ntoutoume Ayi s’est désisté à la dernière minute, contraignant l’un des avocats du collectif, Me Calvin Job, à le remplacer au débotté. Mal préparé, ce dernier n’a pu réaliser qu’une piètre prestation face à l’expérimenté conseil d’Ali Bongo (lire notre article).

Rebelote le lendemain. Alors qu’Appel à agir pouvait se targuer d’avoir envoyé Jean Gaspard Ntoutoume Ayi la semaine dernière sur le plateau de France 24, le collectif a eu la mauvaise surprise de voir l’avocat du président, Me Aimery Mavoungou, toujours lui, faire valoir à son tour ses arguments. Celui-ci a notamment placé une réplique suite à une question sur l’AVC qu’aurait subi le président en octobre dernier qui n’a pas eu l’heur de plaire au collectif d’opposants (lire notre article).

Cerise sur le gâteau, le même jour, ce jeudi 29 août, parait dans l’hebdomadaire Jeune Afrique une interview de l’avocat du président Ali Bongo, de passage à Paris (lire notre article) dans laquelle il précise en quoi la requête d’Appel à agir n’est en rien recevable et n’est en réalité qu’une opération de communication.

Une opération de communication, voire d’auto-promotion, qui tombe à l’eau

Pour ce spécialiste de la communication politique basé en Afrique centrale, qui précise n’avoir aucun client au Gabon, la contre-attaque du camp présidentiel est gênante pour Appel à agir. « Ces opposants avaient tout misé sur la communication. C’était d’ailleurs leur objectif : pouvoir dire dans les médias que la justice gabonaise n’est pas libre et que le Gabon n’est pas un Etat de droit, quand bien même leur action en justice n’est pas recevable sur le strict plan du droit (…) Hormis les réseaux sociaux, ils savaient ne pouvoir compter que sur deux relais. Le premier est un site d’information, Gabon Review, fondé par François Ndjimbi qui n’est autre que le frère de l’un des membres du collectif d’Appel à agir, Franck Ndjimbi. Le second, c’était les médias français qui sont réputés être favorable, par principe, à l’opposition, au Gabon comme ailleurs en Afrique. Appel à agir pensait être les seuls à y déployer leur discours. Jusqu’à présent, on avait entendu qu’eux. Mais voilà, la contre-attaque de l’équipe du président a contrarié leur plan », explique ce professionnel.

Sur les réseaux sociaux, les membres du collectif d’Appel à agir tentent contre mauvaise fortune bon cœur. Mais parfois, leurs nerfs lâchent, à l’instar de Marc Ona dont les derniers tweets ont été diversement appréciés par les Gabonais (lire notre article). « Il paraît qu’il était sur le plateau de France 24 hier soir. Cette fois moins agité mais aussi minable et acculé par la journaliste. Pauvre avocat d’Ali Bongo, a de nouveau tweeté, manifestement agacé, l’activiste aujourd’hui. « On voit dans les tweets de Marc Ona une pointe d’énervement. C’est un signe de fébrilité », constate ce spécialiste de la communication politique, ajoutant qu’ « il est vrai que le ton, sarcastique, le vocabulaire, inadapté, et l’usage de smiley fait un peu adolescent ».

Appel à agir le sait, leur action en justice a fait long feu. Quant à leur opération de communication, que certains, jusque dans les rangs de l’opposition, estiment être une opération d’auto-promotion, elle a, depuis cette semaine, pris du plomb dans l’aile.