Gabon : Dynamique unitaire reconnait son échec dans sa tentative de mobilisation des fonctionnaires contre la mesure de mise sous bon de caisse. La responsabilité de Jean Rémy Yama est pointée du doigt

Dynamique Unitaire a reconnu son échec dans sa tentative de mobilisation des fonctionnaires contre la mesure de mise sous bon de caisse des agents de la fonction publique décidée par le gouvernement. Pour son président, Jean Rémy Yama, c'est un échec personnel cuisant © DR

La confédération syndicale a reconnu hier, jeudi 19 juillet, son échec dans sa tentative de mobilisation des fonctionnaires contre la mesure de mise sous bon de caisse prise par le gouvernement afin d’améliorer la gestion de la paie des agents de l’Etat et rationaliser les effectifs dans la fonction publique. Pour son président, Jean Rémy Yama, il s’agit d’un véritable camouflet. 

Les fonctionnaires ont effet été très nombreux à se présenter cette semaine au guichet pour retirer leur bon de caisse. Certes, il y a eu des plaintes, « comme à l’accoutumée », sourit un fonctionnaire. Mais cette expérience a permis aux agents de l’Etat de leur montrer que tout se passe normalement, en dépit du discours très alarmiste de quelques syndicats.

Pour la confédération syndicale et son dirigeant, Jean Rémy Yama, très en pointe dans ce combat, l’échec est cinglant. D’autant qu’ils semblent y laisser des plumes. Plusieurs responsables de la centrale critiquent en effet désormais ouvertement la stratégie adoptée par la confédération et son leader. « Mieux aurait valu avoir un discours moins virulent. Tout n’était sans doute pas négatif dans cette réforme. On a voulu jouer à quitte ou double. Résultat : on a perdu toute crédibilité », déplore un haut dirigeant de la confédération.

Un autre pointe du doigt la responsabilité personnelle de M. Yama. « La polémique sur sa rémunération de 2 millions de francs CFA par mois nous a fait beaucoup de mal. Nos militants n’ont pas arrêté de nous en parler sur le terrain. Sans doute aurait-il dû à ce moment-là prendre la décision de se mettre en retrait », peste un autre haut responsable de DU, très remonté.

Échec également pour Jean Ping

Mais il n’y a pas que la confédération syndicale qui ressort affaiblie de cette séquence. C’est également le cas de Jean Ping. Dans un communiqué diffusé le 15 juillet dernier sur sa page Facebook, celui-ci avait apporté son soutien à Dynamique unitaire. En vain. « L’échec de DU devient du coup l’échec de Jean Ping », fait observer un opposant, membre de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR).

Le gouvernement a donc remporté son bras de fer sur l’une des mesures les plus symboliques de sa politique de retour à l’équilibre des dépenses publiques, initiée fin juin. Il y a quelques jours, Jean Rémy Yama, appuyé par Jean Ping, avait appelé les fonctionnaires « à la réaction et à la riposte » afin de faire reculer le gouvernement. Un discours martelé à l’occasion de la « grande assemblée générale » organisée par DU au stade de la cité d’Awendjé (Libreville), le 11 juillet dernier. Peine perdu car ils n’ont, au final, pas été entendus.

En effet, dès le début de l’opération de retrait des bons de caisse, le 17 juillet dernier, des milliers de fonctionnaires ont pris d’assaut les tentes, parkings, stades et autres espaces dédiés à cet effet. Si pour certains fonctionnaires gabonais, seul le retrait de leurs bons de caisse importe ; pour d’autres en revanche, tout aussi nombreux, c’est le discours syndical qui ne passe plus.

« Le discours de DU est trop caricatural. C’est excessif. On se demande parfois si leur but est de faire du syndicalisme ou de la politique. Ils sont dans l’obstruction permanente », explique Steeve, un fonctionnaire de l’Education nationale. « Il ne faut pas chercher plus loin la raison pour laquelle nos syndicats ne sont plus représentatifs », fait remarquer de son côté, Julie, l’une de ses collègues.

L’ensemble des mesures annoncées par le gouvernement pour permettre un retour à l’équilibre des comptes publics devraient entrer en vigueur dans les prochaines semaines. L’un des objectifs de l’Exécutif gabonais est de réduire les dépenses de fonctionnement pour augmenter les dépenses d’investissement et les dépenses sociales.