Gabon : Ali Bongo Ondimba prend de nouvelles mesures fortes pour lutter contre la corruption

Ali Bongo Ondimba présidant le Conseil des ministres du vendredi 14 août 2020 © DR

Lors du conseil des ministres du 14 août, la Gabon Oil Company, devenue le symbole de la corruption dans le pays, a été profondément remaniée. Pour mieux s’assurer de la bonne gestion des fonds publics, le pays va se doter d’une Autorité Nationale de Vérification et d’Audit. Enfin, les fonds qui transitent, de manière souvent très opaque, par les associations et les ONG seront davantage contrôlés.

Après avoir vertement dénoncé la corruption au Gabon dans un discours prononcé le 8 juin 2019 et avoir lancé en novembre l’opération Scorpion qui a conduit sous les écrous une vingtaine d’ex-hauts responsables publics soupçonnés de détournement de fonds publics, Ali Bongo Ondimba a entériné hier plusieurs mesures fortes s’inscrivant dans la même optique.

Au-delà de leur caractère disparate, celles-ci tendent toutes vers le même objectif : garantir la transparence afin de lutter contre la corruption et le détournement de fonds publics.

Première mesure : la dissolution des filiales de la Gabon Oil Company 

Le 13 juin dernier, à l’issue d’un conseil des ministres, la fusion programmée en juin 2019 avec la Sogara avait été annulée (décision confirmée ce 14 août). Un nouveau pas a été franchi hier avec la dissolution de trois filiales de la GOC : Gabon Oil marketing, Gabon Logistics & Services et Gabon Engineering & Construction dont certaines étaient devenues avec le temps de « véritable trous noirs », caractérisés par un fonctionnement « opaque » (lire notre article).

Cette compagnie d’Etat, créée par le décret présidentiel le 24 août 2011, véritable institution dans ce pays producteur de pétrole, est au cœur depuis près d’un an d’un vaste scandale de détournements de fonds. Son ex-administrateur directeur général, Christian Patrici Tanasa a été mis en prison en décembre dernier, de même que l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga, qui est accusé de complicité.

Selon le quotidien institutionnel L’Union, la bagatelle de 85 milliards de francs CFA se seraient évaporés des caisses de l’entreprise (lire notre article).

Deuxième mesure : la création de l’Autorité Nationale de Vérification et d’Audit

Selon le communiqué final du Conseil des ministres de ce vendredi 14 août, la création de cette nouvelle structure qui – c’est important – est doté du statut d’autorité adminstrative indépendante, « procède d’une volonté politique de doter le Gouvernement d’un organe qui vient en appui aux Institutions étatiques et veille à la bonne gestion des biens et des ressources financières publiques ».

« A ce titre, l’Autorité Nationale de Vérification et d’Audit a pour mission de vérifier et d’auditer les services de l’Etat, les Collectivités locales et les organismes recevant des concours financiers et matériels de l’Etat », précise le communiqué.

Créée sur le modèle anglo-saxon du Bureau du Vérificateur général (structure qui existe en Angleterre, au Canada, etc.), cette nouvelle autorité se substituera au service du« Contrôle Général d’Etat ». Désuet, celui-ci n’a jamais véritablement fait la preuve de son efficacité.

Troisième mesure : un meilleur contrôle des fonds transitant par les associations et autres ONG

« Dans le cadre de la lutte contre la corruption, le détournement de fonds publics ou le blanchiment des capitaux, les sources et voies de financement de certains organismes, notamment celle des associations et des Organisations Non Gouvernement (ONG) doivent être reconsidérées », indique le communiqué final du conseil des ministres.

Partant, un nouveau décret, fixant certaines modalités d’application de la loi n°35/62 du 10 décembre 1962 relatives aux associations, a été adopté. Il vient renforcer le dispositif répressif visant les responsables et les bénéficiaires des fonds et avantages impliqués dans les opérations de fraude, de dissimulation et de participation aux financements des activités interdites ou prohibées.