Fake news : A quoi sert réellement la taxe sur les retraits instaurée par le gouvernement gabonais ?

Le Gabon vient d'instaurer une taxe sur les retraits, encore faut-il comprendre pourquoi © DR

Adoptée vendredi dernier en conseil des ministres, la loi de Finances rectificative prévoit l’instauration d’« une taxe sur les retraits effectués en numéraire auprès des établissements de crédit ». Il n’en fallait pas moins pour que quelques activistes crient à la ponction sur l’épargne des Gabonais. « Ridicule », rétorque-t-on du côté du ministère des Finances, où on s’efforce d’expliquer le sens et les motivations véritables d’un tel dispositif.  

Ils font feu de tout bois. Ces dernières heures, une poignée d’activistes sur les réseaux sociaux se sont emparés de la taxe sur les retraits prévues par le projet de loi de Finances rectificative adopté vendredi dernier lors du conseil des ministres pour tenter de créer une polémique.

« La formidable idée du gouvernement gabonais pour renflouer les caisses de l’Etat : aller prendre l’argent directement dans l’épargne bancaire des gabonais. Tu deposes 1 000 000 FCFA sur ton compte, le jour du retrait ton million est devenu 980 000 FCFA. Vive la thésorisation (sic !) !« , ironise sur son compte Twitter Mays Mouissi.

Même son de cloche du côté de Marc Ona Essangui. « Cette nouvelle taxe que le gouvernement cherche à imposer aux épargnants risque à court terme d’accélérer le retrait par les gabonais de leurs maigres épargnes des banques locales. Un taux d’épargne déjà très faible. Vive la thésaurisation », s’égosille celui qui est par ailleurs membre du collectif d’opposants radicaux, Appel à agir.

Caricature et travestissement

« C’est une présentation spécieuse, totalement caricaturale et qui travestit la réalité », réplique-t-on du côté du ministère des Finances. « Laisser penser que l’on va ruiner les épargnants à travers ce dispositif ou encore que celui-ci serait un moyen de renflouer les caisses de l’Etat en période de Covid-19, c’est soit n’y rien comprendre, soit faire preuve de mauvaise foi », complète un haut-responsable de ce même ministère.

« De qui se moque-t-on ? », se demande un autre. « Faire des retraits en espèces et d’un million de francs par mois, et on voudrait nous faire croire que cela concernerait les petits épargnants qui voudraient payer leur consommation quotidienne ? A vouloir faire des polémiques à tout bout de champ simplement pour se rendre intéressants sur les réseaux sociaux, ces gens finissent par être ridicules », vitupère-t-il.

En effet, comme le précise le projet de loi de Finances rectificative, la disposition en question s’applique dans un cadre bien circonscrit et pour des raisons bien précises. « Les articles 5 à 7 de la PLFR introduisent une nouvelle taxe, dite taxe sur les retraits. Cette taxe de 2 % s’applique à partir de retraits en espèces de plus d’un million de FCFA par mois par un individu ou une entreprise. Mais contrairement à ce que certains ont pu affirmer, cette taxe ne vise pas à ponctionner l’épargne des Gabonais, elle vise à contraindre le recours à la monnaie en espèces physiques pour privilégier les paiements électroniques », explique notre interlocuteur.

Lutter contre le blanchiment de capitaux et l’évasion fiscale

Et si les autorités veulent favoriser le paiement électronique, c’est certes pour élargir l’assiette de la TVA, donc favoriser les ressources propres de l’Etat, mais aussi (et, en l’espèce, surtout) pour mieux lutter contre le blanchiment de capitaux et l’évasion fiscale. Le paiement électronique permet en effet d’assurer une traçabilité et, in fine, une transparence que ne permet pas le recours au paiement en espèces.

Une avancée majeure en somme, loin de la caricature que certains tentent vainement d’en faire sur les réseaux sociaux.

Pour aller plus loin à ce sujet, lire notre analyse.