Environnement : le Gabon remonte d’un cran ses exigences en matière d’exploitation durable de ses ressources forestières

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, lors de sa visite à la scierie de Mevang le 26 septembre dernier © DCP

D’ici 2022, toutes les concessions forestières au Gabon devront être certifiées « FSC ». « Toute entreprise forestière opérant dans le pays, non engagée dans ce processus de certification, se verra retirer son permis », a averti cette semaine le président Ali Bongo Ondimba.

Ce fut l’une des grandes annonces faites ces derniers jours au Gabon. Et celle-ci a été faite par le chef de l’Etat gabonais en personne à l’occasion d’une visite dans une scierie du groupe français Rougier, située à près de 290 km de Libreville, ce mercredi 26 septembre.

Selon le numéro un gabonais, cette nouvelle mesure « s’inscrit dans le cadre d’une politique ambitieuse de diversification dans ce secteur à fort potentiel. Elle vise à accélérer la transformation de l’industrie forestière par la création de valeur ajoutée, combinée à une gestion responsable des forêts ».

Pour rappel, la certification Forest Stewardship Council (FSC) est un label qui assure que la production d’un produit à base de bois a suivi le cahier des charges d’une gestion durable des forêts.

Le bois est un des premiers produits d’exportation au Gabon en termes de revenus après le pétrole et le manganèse. Le pays, recouvert à près de 85 % par un épais tissu forestier, en est l’un des tout premiers producteurs africains. Mais il souhaite aujourd’hui aller plus loin et grimper rapidement dans le classement mondial.

Une décision qui pourrait faire jurisprudence ailleurs sur le continent

Cependant, à cette ambition économique affichée depuis 2009 et l’adoption d’une mesure visant à interdire d’exporter des grumes sans transformation (une législation souvent prise en exemple sur le continent), s’ajoute depuis plusieurs années un souci écologique marqué.

Le Gabon est en effet en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique, tant au niveau continental (Ali Bongo Ondimba est le président du CAHOSCC) que mondial (comme en témoigne la présence systématique de ses dirigeants lors des grands sommets internationaux consacrés à la protection de la planète).

Aujourd’hui, le pays ne conçoit plus l’exploitation de ses forêts, dont l’importance est stratégique dans la lutte contre le réchauffement climatique, de manière autre que durable. D’où la décision prise cette semaine par le président Ali Bongo Ondimba qui pourrait bien faire jurisprudence ailleurs sur le continent.

Cette vision, a-t-il indiqué, vise « à asseoir une forte industrie de transformation performante, moteur de croissance, exportatrice, et donc ouverte sur les marchés internationaux, avec à la clé, une industrie locale, fleuron du savoir-faire gabonais, du ‘’Made in Gabon’’ ».

Les autres enjeux de cette nouvelle politique forestière gabonaise sont également d’ordre de leadership. Ils visent à ce que le pays puisse trouver sa place dans ce secteur à l’échelon mondial, mais aussi et surtout d’être parmi les pionniers en matière qualitative.

Dans ce cadre, « Il nous faut aller plus loin et nous adapter à la demande des marchés internationaux. Ces derniers sont particulièrement regardants sur un aspect plus qu’essentiel, je dirais même primordial. Il s’agit de la qualité », a précisé Ali Bongo Ondimba.

L’enjeu, selon lui, est de taille. Car « Figurez-vous que la valeur des exportations du bois gabonais n’est que de 120 millions de dollars US$ par an, alors que la valeur des importations de bois des cinq principaux marchés mondiaux – Etats-Unis, Chine, Japon, Allemagne et Royaume-Uni – est de 70 milliards US$ », a-t-il déploré.

Une invite a ainsi été lancée aux opérateurs de la filière, afin qu’avec ses 15,9 millions d’hectares de forêt engagée dans le processus d’aménagement, le Gabon puisse prétendre à une part de marché plus importante. « Sans quoi nos efforts essentiellement portés sur les volumes de production seront caduques »,a-t-il ajouté.

Et pour que les entreprises cheminent vers ces exigences de qualité, le gouvernement a été instruit de prendre les dispositions nécessaires afin d’accompagner les exploitants vers cette certification FSC, à travers la mise en place dans les deux prochains mois, d’un plan d’action à cette fin.