En trente ans, la quantité de fruits dont se nourrissent les éléphants de forêts a chuté de 81 % dans le parc de la Lopé au Gabon selon une étude parue dans la revue Science

Les éléphants dans le Parc de la Lopé sont menacés comme partout ailleurs en Afrique centrale en raison du réchauffement climatique © DR

En une trentaine d’années, de 1986 à 2008, la quantité de fruits observés dans le parc national de la Lopé, au Gabon, a chuté de 81 %, selon les résultats d’une étude publiée dans la revue britannique Science, jeudi 24 septembre, intitulée « L’effondrement à long terme de la disponibilité en fruits sur la mégafaune des forêts d’Afrique centrale ».

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l’Université de Stirling (Royaume-Uni), auteurs du rapport, ont analysé les données collectées chaque mois à la jumelle pour évaluer la présence de fleurs, de fruits mûrs ou encore verts sur la canopée d’un millier d’arbres de 73 espèces différentes. Quatorze d’entre elles sont considérées comme particulièrement importantes dans le régime alimentaire des éléphants.

Interrogé par le grand quotidien français Le Monde, le ministre gabonais de l’Environnement, Lee White, n’a pas caché son inquiétude, jugeant les résultats de l’étude très préoccupants.

« On est traumatisés par ces résultats. Jusqu’à présent, nous pensions que les forêts africaines résistaient mieux au dérèglement climatique que les autres bassins forestiers tropicaux. Or cette étude montre que le réchauffement a un impact sur la biologie des arbres. Les éléphants ont moins à manger et ils maigrissent. Nous le voyons parce que les éléphants n’ont pas de poils. Mais n’est-ce pas la même chose pour les chimpanzés et les gorilles ? Nous ne le verrions pas sur des photos. »

Tout en occupant son poste, Lee White, défenseur de longue date de la cause environnementale, est resté un chercheur en zoologie avec plus de trente années d’expérience dans les forêts gabonaises. Il est d’ailleurs cosignataire de l’article relatant les résultats de cette étude paru dans Science.

« Si nous avons raison, cela expliquerait pourquoi les éléphants sont plus nombreux à quitter les forêts pour aller chercher de la nourriture dans les plantations. Au risque de voir les conflits avec les villageois se multiplier », poursuit-il, alertant sur le fait que ce qui est observé dans le parc de la Lopé grâce à des données scientifiques rares est peut-être à l’œuvre ailleurs.

La réserve de la Lopé, située dans le centre du pays et vaste de 5 000 km2, bénéficie depuis quatre décennies des recherches menées par la Station d’études des gorilles et chimpanzés (SEGC). Il est l’un des rares sites de cette région d’Afrique à offrir un suivi des écosystèmes sur une aussi longue période.

Rien d’étonnant à cela. Le Gabon, recouvert à 85 % par la forêt équatoriale, l’un des deux poumons verts de la planète, est en effet considéré en Afrique comme l’un des pays les plus engagés dans la défense de l’environnement et du climat. Depuis janvier 2020, le pays préside le groupe des négociateurs africains sur le climat qui a vocation à formuler de nouvelles propositions lors de la prochaine COP.

Le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, est lui-même très impliqué en matière de diplomatie environnementale. Il a d’ailleurs longtemps dirigé le Comité des chefs d’Etat et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC).

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