Alors qu’en privé le président de l’Union Nationale conteste la stratégie de l’opposition d’utiliser l’argument de la fraude pour justifier la débâcle électorale du 6 octobre, en public celui-ci se montre un peu plus évasif. Dans son camp, on crie à l’hypocrisie.
Mercredi 17 octobre, deux des principales figures de l’opposition, Zacharie Myboto et Alexandre Barro Chambrier, respectivement président de l’UN et du RHM, ont, lors d’une conférence de presse commune, tenté de justifier la déroute électorale de leur camp lors des scrutins locaux et législatifs du 6 octobre dernier par une « fraude massive ».
Si Alexandre Barro Chambrier utilise de manière constante cet argument (lire notre précédent article ici), tel n’est pas le cas de Zacharie Myboto. Avant-hier, à l’occasion d’une réunion avec sa garde rapprochée, celui-ci avait en effet déclaré que « ça n’(était) pas la fraude mais les divisions et une mauvaise stratégie qui ont fait perdre l’opposition. »
Et ce dernier d’ajouter : « il faut le dire, nos divisions ne nous ont pas aidés. Les gens n’ont pas compris notre position : participation ou boycott des élections. Et puis, notre stratégie n’était pas la bonne. Plutôt que de parler de ce qui intéresse les Gabonais, nous passons trop de temps à critiquer le pouvoir. Les gens prennent ça pour une attitude politicienne, très éloignée de leurs préoccupations du quotidien », a affirmé Zacharie Myboto, appelant ses proches à « balayer devant (leur) porte plutôt » que de « rechercher des excuses ailleurs ». Une critique tout droit destinée à Alexandre Barro Chambrier, mais également à Jean Ping qui en plaidant pour le boycott de ses élections au nom de l’illégitimité du pouvoir actuel a brouillé le message de l’opposition.
Propos édulcorés
Mais hier lors de la conférence de presse, les propos du président de l’UN étaient plus édulcorés, sans être toutefois aussi incisifs sur la fraude que ceux de son homologue du RHM. Zacharie Myboto s’est même évertué durant cette conférence de presse à éviter le sujet, se contentant de dire qu’ « il (fallait) bien qu’il y ait des gens qui continuent la lutte, mais si nous vous disons de vous décourager, nous ouvrons des boulevards au système en place. »
Des propos a minima qui n’ont pas manqué d’alimenter le procès en duplicité (comprendre, de complaisance à l’égard du pouvoir) fait depuis plusieurs mois par les partisans de Barro Chambrier à l’endroit de Zacharie Myboto. « C’est un hypocrite. Un spécialiste du double discours. Il en a un en privé et un autre en public. Avec lui, on ne s’est jamais sur quel pied danser », pestait l’un des lieutenants du président du RHM au sortir de la conférence de presse d’hier.
