Au Gabon, Zacharie Myboto critique Alexandre Barro Chambrier : « ça n’est pas la fraude mais les divisions et une mauvaise stratégie qui ont fait perdre l’opposition »

Zacharie Myboto, le président de l'UN, très critique à l'endroit d'un autre opposant, Alexandre Barro Chambrier, le leader du RHM © DR

Les résultats électoraux très décevants pour l’opposition gabonaise nourrit les tensions. Hier, c’est Zacharie Myboto qui a critiqué les propos d’Alexandre Barro Chambrier. Ce dernier avait justifié la débâcle de l’opposition par une supposée fraude du PDG. « Si nous voulons nous relever, il faut opérer le bon constat sans se mentir à nous même », a déclaré à ses proches le président de l’UN. 

Rien ne va plus au sein de l’opposition gabonaise. Sa lourde défaite électorale le 6 octobre dernier attise les tensions en son sein. Hier, Zacharie Myboto, le président de l’Union Nationale (UN) s’en est pris à son allié du premier tour, Alexandre Barro Chambrier, le leader du Rassemblement Héritage et Modernité.

Lors d’une réunion politique rassemblant certains de ses proches, Zacharie Myboto s’est emporté lorsqu’il a été question de l’interview donnée la veille par Alexandre Barro Chambrier à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Ce dernier avait en effet tenté d’expliquer que la défaite de l’opposition lors des élections était due à la fraude.

« La ficelle est un peu grosse », a réagi M. Myboto. « A force de crier au loup, on ne nous croira plus lorsque celui-ci se présentera à notre porte », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Si nous voulons nous relever, il faut opérer le bon constat sans se mentir à nous même. Il faut être lucide et dire la vérité. Parler de la fraude, vu l’ampleur de la défaite, ça n’est pas crédible ».

Et le président de l’UN de poursuivre : « Il faut le dire, nos divisions ne nous ont pas aidés. Les gens n’ont pas compris notre position : participation ou boycott des élections. Et puis, notre stratégie n’était pas la bonne. Plutôt que de parler de ce qui intéresse les Gabonais, nous passons trop de temps à critiquer le pouvoir. Les gens prennent ça pour une attitude politicienne, très éloignée de leurs préoccupations du quotidien », a affirmé Zacharie Myboto, appelant ses proches à « balayer devant (leur) porte plutôt » que de « rechercher des excuses ailleurs ». Une critique tout droit destinée à Alexandre Barro Chambrier, mais également à Jean Ping qui en plaidant pour le boycott de ses élections au nom de l’illégitimité du pouvoir actuel a brouillé le message de l’opposition.

UN et RHM mal en point

Les élections du 6 octobre ont été catastrophiques pour l’opposition dans son ensemble mais tout particulièrement pour l’Union nationale. Celle-ci sera la formation d’opposition la moins représentée lors du second tour des élections législatives le 27 octobre prochain. Seuls cinq de ses candidats sont encore en lice, tous en ballottage défavorable, à la seule exception – et encore toute relative – de Minault Maxime Zima Ebeyard, arrivé en tête avec 36 % des voix sur le 1er siège dans le département de l’Okano. Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, l’une des principales figures du parti, a, quant à lui, essuyé une cuisante défaite à Akanda, une commune située au nord de Libreville.

Le RHM fait à peine mieux. Barro Chambrier est le seul leader de l’opposition à ne pas avoir chuté lors du premier tour (contrairement à Guy Nzouba Ndama ou Jean Gaspard Ntoutoume Ayi). Le parti a par ailleurs réussi à faire élire un des siens dès le premier tour et huit de ses candidats seront en course lors du second tour.

Mais pas de quoi toutefois résister à la vague pédégiste qui devrait sans surprise s’abattre sur l’assemblée nationale le 27 octobre prochain.