[Document] Relèvement de la note du Gabon par Moody’s : les explications du ministère des Finances

Le ministre gabonais de l'Economie et des Finances, Jean Marie Ogandaga © DR

L’agence de notation américaine, considérée comme la plus influente dans son domaine, vient de relever la note souveraine du Gabon, l’assortissant d’une perspective positive. Pour les autorités gabonaises, il s’agit d’un succès d’autant plus remarquable qu’il intervient dans une conjoncture très défavorable marquée par la crise du Covid-19. Dans un document que La Libreville s’est procuré, le ministère gabonais des Finances explique les raisons de la décision de Moody’s. Nous le reproduisons ici dans sa version in extenso.  

Dans le cadre de l’actualisation de la note du Gabon, l’agence de notation souveraine Moody’s a décidé d’attribuer à notre pays ce 2 juillet 2020, la note « Caa1 assortie d’une perspective positive ». Il est important ce rappeler qu’à un moment où beaucoup de pays africains font l’objet d’une dégradation de leurs notes souveraine ou des perspectives y relatives, l’analyse de l’économie gabonaise faite par Moody’s n’a pas conduit à inscrire son appréciation sur le Gabon sur la même tendance négative.

En ce début d’année 2020, la baisse des prix du pétrole conjuguée à la crise du coronavirus est venue contrarier les efforts faits par le Gouvernement depuis plusieurs années.

En effet, les réformes économiques et structurelles engagées à travers un programme triennal dans notre pays ont permis de stabiliser le cadre macroéconomique à la fin de l’année 2019. De sorte que la croissance réelle s’est élevée à 3,9 % en 2019 contre 0,8 % en 2018 et 2,1 % en 2016.

Le déficit budgétaire est revenu de -6,6 % du PIB en 2016 à près de +1 % du PIB en 2019. Pour sa part, le déficit du compte courant s’est établi autour de -0,8% du PIB en 2019 contre -10,4% du PIB en 2016. Dans le même temps, les réserves monétaires sont passées de 1,4 mois à près de 3 mois d’importations.

Alors qu’une relance de l’activité économique était anticipée à partir de 2020, la crise du COVID-19 est survenue pour faire obstacle à cette dynamique.

Le 12 mars 2020, le Gabon a enregistré son premier cas de coronavirus (Covid-19), et depuis lors, d’autres cas ont été constatés.

Le Gouvernement a réagi avec beaucoup de promptitude pour répondre aux besoins sanitaires urgents des personnes touchées par ce virus qui a déjà endeuillé plusieurs familles à travers le monde et dans notre pays. Dans un tel contexte, le Gouvernement a dû réviser ses projections de croissance qui sont revenues de 3,8 % dans la loi de finances initiale 2020 à -0,8 % dans la loi de finances rectificative 2020.

L’appréciation favorable de Moody’s est un encouragement à la cohérence de la stratégie de riposte mise en œuvre au niveau national par le Gouvernement gabonais. Cette dernière a été immédiate et exhaustive avec des mesures drastiques, y compris la fermeture des frontières, des écoles, des bars et des restaurants et la suspension des vols internationaux.

En plus du volet sanitaire, une importante dimension économique et sociale a été introduite pour atténuer le choc sur l’économie nationale. Bien que des choses restent à parfaire, la comparaison avec d’autres pays d’Afrique Subsaharienne montre des avantages importants en faveur du Gabon. Il faut relever que le pays n’a pas dérapé dans la gestion de cette crise et il est souhaitable qu’il en soit ainsi jusqu’à la fin de cette pandémie.

Par ailleurs, en dépit des contraintes sur les finances publiques, le Gabon a continué à honorer ses engagements internationaux. Il est important de rappeler que depuis le mois d’avril 2019, le Gabon n’a plus accumulé d’arriérés de paiement de sa dette extérieure respectant ainsi un des repères structurels les plus contraignants de son programme avec le FMI.

Les experts de ladite Institution justifient le niveau actuel de la note par une place encore importante du pétrole dans notre économie.

En définitive, Moody’s encourage le Gouvernement à poursuivre ses efforts concernant la restauration de l’équilibre des finances publiques ainsi que la poursuite du paiement de la dette publique.