COP 26 : A Libreville, le groupe des négociateurs africains sur le climat peaufine sa stratégie pour peser davantage

Tanguy Gahouma Bekale, le président du groupe des négociateurs africains sur le climat, aux côtés du ministre gabonais de l'Environnement Lee White le 1er mars 2020 à Libreville © DR

Présidé par le Gabon, l’un des pays les plus actifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique sur le continent, le groupe des négociateurs africains s’est réuni du 1er au 3 mars dernier à Libreville pour préparer la 26ème conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques qui se tiendra au Royaume-Uni, en Angleterre en novembre prochain.

L’objectif : définir une stratégie commune pour obtenir des retombées concrètes et suffisantes lors de la COP 26, alors que la précédente COP, qui s’est tenue à Madrid en décembre dernier, a été jugée décevante.

« Nous sommes repartis de la COP 25 avec un sentiment de frustration. Nous avions l’impression de ne pas être compris par nos partenaires », a déploré le président du groupe des négociateurs africains, le gabonais Tanguy Gahouma Bekale. « On a été très déçu de voir qu’on a perdu du temps encore une fois, alors que la société civile, les populations nous demandaient d’agir au plus vite. D’autant que l’Accord de Paris a été conclu il y a déjà près de cinq ans, en 2015 », a-t-il ajouté.

La rencontre de Libreville a, selon ses participants, permis de comprendre les raisons de l’échec de la COP 25, pourquoi les solutions opportunes n’ont pas été dégagées, mais surtout d’élaborer une stratégie afin que les Africains puissent réellement peser dans les débats lors de la prochaine COP.

A cet égard, Tanguy Gahouma Bekale insiste sur le reporting. « Nous exigeons désormais par exemple, que dans les comptes rendus qui doivent être faits tous les 2 ans mentionnent clairement des informations sur les montants qui ont été engagés, à quels projets ont-ils été affectés, etc.», a-t-il indiqué.

Celui qui est aussi le conseiller climat du président Ali Bongo Ondimba insiste par ailleurs sur le fait que les financements dédiés à la lutte contre le dérèglement climatique doivent être additionnels et non puisés, à enveloppe constante, dans l’aide au développent actuelle. « Ces financements ne doivent pas provenir d’une réaffectation de l’aide au développement. L’aide au changement climatique doit être additionnelle », plaide-t-il.

Parmi les autres priorités de l’Afrique lors de la COP 26, outre le financement, figurent le réajustement des marchés de crédits carbone et l’adaptation des modèles économiques dans une optique de développement durable. Lors de la rencontre de Libreville, le groupe des négociateurs africains a également validé sa stratégie d’accompagnement des pays du continent en vue de l’actualisation de leurs politiques climat déclinées dans leur Contribution déterminée au niveau national (NDC), avant la prochaine COP.

Pour rappel, le groupe des négociateurs africains est composé de l’ensemble des experts sur le climat issus du Soudan, la Gambie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, l’Éthiopie, le Kenya, l’Égypte, le Mali, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et de la Guinée ; épaulés par ceux de  l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, la Banque africaine de développement (Bas) et de l’Union africaine (UA). Il est présidé depuis début 2020 par le Gabon.

A noter que la COP 26 se tiendra en Angleterre en novembre 2020. La suivante, la COP 27, se déroulera pour la première fois en Afrique en 2021, continent parmi les plus affectés par le réchauffement climatique alors qu’il est très faiblement émetteur de CO2 et qui pèse pour 25 % des voix lors des grands messes du climat.