Bilan du PRE au Gabon après un an : mention passable malgré de réelles avancées

Ce 23 avril 2018, le premier ministre gabonais, Emmanuel Issoze Ngondet, a présenté un premier bilan des actions engagées dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de relance de l’économie (PRE). Source : compte Twitter @AkouossoChantal

Lundi 23 avril, le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, a dressé le bilan des actions engagées dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de relance de l’économie (PRE). Un plan adopté le 27 juin 2017 au Parlement après l’admission du pays au mécanisme élargi de crédit du FMI, qui repose pour l’essentiel sur trois axes : le rétablissement de l’équilibre des finances publiques, l’accélération de la diversification de l’économie et la réduction de la pauvreté. Si les résultats sont encourageants, de nombreux efforts restent à faire.

Des finances publiques en meilleure santé

Le chef du gouvernement gabonais s’est dit globalement satisfait des résultats produits à ce stade par le PRE, les jugeant « encourageants ». Il en va en particulier du déficit public qui a été divisé par deux quasiment, passant de 6,6 % en 2016 à 3,6 % en 2017, ainsi que de la dette publique qui a été réduite de cinq points de PIB.

Quant à la croissance, si l’objectif de 2,5 % fixé au début de l’année 2017 n’a pas été atteint, celle-ci est toutefois restée dans le vert avec 0,8 % en 2017 en dépit d’un contexte très défavorable sous fond de grave crise pétrolière qui a réduit de 75 % les ressources budgétaires de l’Etat.

Si l’économie gabonaise a tenu le choc, cela s’explique en partie par la poursuite de l’effort de diversification sectorielle en cours depuis plusieurs années. Certes, « l’augmentation des exportations pétrolières et du manganèse, d’une part, et les effets induits par la mobilisation des appuis budgétaires auprès des bailleurs de fonds, d’autre part, ont également aidé [le Gabon] à améliorer [sa] situation avec l’extérieur », a rappelé le premier ministre. Mais ce dernier s’est aussitôt empressé de rappeler que les secteurs agricoles, industriels et des services ont généré 2 000 emplois nouveaux dans le secteur formel en 2017.

De nombreux défis à relever sur le plan économique

Après les motifs de satisfaction, viennent les points à améliorer. Ils sont relativement nombreux : de l’optimisation des recettes fiscales à la réduction de la masse salariale de l’Etat, en passant par l’apurement de la dette intérieure (un plan est sur la table), la réforme du système financier public, l’amélioration du cadre des affaires, la réduction de la pauvreté ou encore l’amélioration du service aux usagers.

A titre d’exemple, Emmanuel Issoze Ngondet a rappelé que les les services fiscaux de l’assiette n’avaient pas rempli leurs objectifs, malgré les efforts entrepris pour lutter contre la fraude fiscale, élargir l’assiette fiscale, rationaliser les exemptions fiscales ainsi que pour dématérialiser les déclarations et le paiement des impôts et taxes.

Enfin, le Premier ministre a insisté sur les insuffisances du système financier public qui est en pleine restructuration. Celui-ci « n’a pas joué son rôle, à savoir financer de façon significative l’économie nationale. En effet sur les 100 milliards FCFA projetés, seuls 40 milliards ont pu être mobilisés », a expliqué M. Issoze Ngondet.

Au final, mention passable pour le PRE. L’Etat gabonais doit poursuivre son effort de restructuration et de rationalisation. Quant à l’économie gabonaise, elle doit bénéficier d’un climat des affaires plus favorables à la création et au développement des entreprises ; elle doit également monter en valeur ajoutée dans les filières sur lesquels elle dispose d’avantages comparatifs (elles sont relativement nombreuses au Gabon : pétrole, manganèse, bois, agriculture, finances, numérique, etc.) ; enfin, il faut que la croissance retrouvée soit davantage créatrice d’emplois qualifiés dans le secteur privé formel (un point sur lequel les attentes sont élevées au Gabon). 

Beaucoup reste donc encore à faire. Le Premier ministre le reconnait d’ailleurs lui-même. Pour 2018, « il faut faire davantage pour atteindre les objectifs visés », car, reprenant une formule prononcée par le Président Ali Bongo ce weekend au sujet de la décentralisation, « la réussite du PRE n’est pas une option », a-t-il martelé, « c’est un impératif ».