Averda au Gabon : où se situe (réellement) le problème ? 

Employés de la société Averda, chargée de la collecte des ordures ménagères à Libreville, la capitale du Gabon.

La société Averda a cessé depuis quelques jours de ramasser les ordures ménagères dans certains quartiers de Libreville et d’Akanda, laissant les habitants en proie à l’insalubrité et aux odeurs pestilentielles. Une situation qui s’est répétée à plusieurs reprises ces derniers mois. Mais où donc se situe le problème ? Décryptage.

Depuis le vendredi 9 mars, Averda a cessé de collecter les ordures ménagères dans les quartiers populaires de la capitale gabonaise. Seuls échappent à cet oukaze les quartiers résidentiels et le bord de mer. « Ils épargnent le Libreville ‘carte postale’. En attendant, nous, nous pâtissons de cette situation », peste Daniel, un habitant de Mont-Bouët où des montagnes d’ordures ménagères commencent à s’amonceler à chaque coin de rue.

Pourquoi un tel scénario qui s’est déjà produit dans un passé récent, notamment à la veille de Noël 2017 ? « Le problème est double », selon un proche du dossier. « Certes, il y a des retards de paiement mais ceux-ci ne sont pas sévères. L’État, tout au plus, a un trimestre à rattraper », précise-t-il. Il y a un un an déjà, Averda s’était ouverte de ses difficultés de trésorerie auprès de la société Clean Africa, qui lui avait concédé le marché – évalué à plusieurs milliards de FCFA par an – de la collecte des ordures ménagères à Libreville.

Mais le problème principal, selon cette même source, est ailleurs. « Averda a arrêté de travailler en janvier 2018 pour dénoncer des difficultés d’accès à la décharge publique de Mindoubé. En effet, celle-ci est saturée et il n’existe aucune usine de recyclage ou même de traitement des déchets ménagers », explique notre expert qui juge Averda « dépassée » par une situation devenue « intenable ».

La solution pour ce responsable d’une ONG locale de défense de l’environnement passerait par la la création d’un deuxième site pour y disposer les ordures ménagères. Mais surtout par la construction d’une ou deux usines de traitement des déchets. « Pour un pays qui a fait du développement durable l’un de ses axes forts, ce qu’on appelle ici le Gabon Vert, ce serait un minimum », tranche-t-il.

En attendant la prise éventuelle de telles mesures, une partie de la population de Libreville est livrée à elle-même. Dans certains quartiers, les habitants mettent le feu aux ordures, ce qui est loin d’être la panacée. Les plus anciens rappellent, eux, avec un brin de nostalgie, que sous Omar Omar Bongo, l’armée avait été réquisitionnée à plusieurs reprises pour collecter les ordures dans la capitale. Une solution qui ne semble pas totalement exclue par les autorités pour traiter le problème à très court terme.

Resterait toutefois à mettre en place des solutions pérennes à plus long terme. Ici aussi, il y a urgence. Libreville produit quotidiennement 600 tonnes de déchets. Un chiffre qui augmente d’année en année sous le double effet de la croissance démographique et de l’urbanisation croissante.