Après avoir montré les muscles, Veolia tente une conciliation face au Gabon dans le dossier de la SEEG

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En février dernier, l’affaire avait fait grand bruit. Face à la dégradation importante de la qualité de service aux usagers et à de graves allégations de pollution, l’Etat du Gabon avait procédé à la réquisition de la SEEG, la filiale locale de Veolia. Ce mercredi 20 juin s’ouvre devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) les auditions relatives à ce dossier qui a entaché l’image de la multinationale française partout en Afrique.

Suite à cette réquisition opérée selon l’Etat gabonais et plusieurs juristes internationaux dans le respect scrupuleux des règles de droit, Veolia avait choisi de porter l’affaire devant le CIRDI à Paris. Une phase de conciliation a été ouverte le 7 juin dernier afin de tenter de régler ce différend à l’amiable. Pour Veolia, le choix du CIRDI lui permet, selon La Lettre du Continent, d’éviter un procès long, coûteux et dont le résultat est plus qu’aléatoire.

Selon diverses sources reprises ce jour dans la presse, Veolia compte négocier une indemnité de 81 millions d’euros, une somme qui représente l’équivalent de sa participation au capital de la SEEG (51%), tandis que l’Etat gabonais, lui, réclamerait une indemnisation de 300 millions d’euros, soit 196,3 milliards FCFA, au titre de dommages et intérêts liés au non-respect de ses obligations contractuelles, mais aussi à des actes de pollution et autres atteintes à l’environnement répertoriés par les autorités gabonaises sur plusieurs sites.

« Le Gabon, à l’instar des autres pays d’Afrique, ne se laissera plus marcher sur les pieds »

Ces atteintes, particulièrement médiatisées dans la presse anglo-saxonne, plus sensible que la presse francophone à ces thématiques, avaient entaché la réputation d’un groupe dont le cœur de métier est l’environnement.

Cette phase de négociation, qui pourrait aboutir à une solution à l’amiable, durera au maximum 90 jours. Faute d’accord entre les parties, l’affaire serait alors portée devant les tribunaux dans le cadre d’une procédure contentieuse. Hypothèse jugée la plus probable car l’Etat gabonais, sûr de son bon droit, est fermement décidé à défendre bec et ongles ses intérêts.

A Libreville, la musique a changé en effet. Fini les errements du passé. Le président Ali Bongo et son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, ne craignent pas d’entreprendre un bras de fer, fut-ce avec une multinationale. Dans une interview accordée cette semaine à Jeune Afrique, M. Laccruche Alihanga a prévenu : « il faut que nos partenaires actuels ou futurs comprennent que nous avons bien l’intention de défendre nos intérêts, quel que soit le prix à payer. Nous avons changé d’époque. Le Gabon, à l’instar des autres pays d’Afrique, ne se laissera plus marcher sur les pieds. »  A bon entendeur…