[Analyse] RFI, France Info… Qu’est-ce qui explique la couverture aussi négative du Gabon par les médias publics français ?

La maison de la radio, siège de Radio France à Paris (France) © DR

Ce weekend, coup sur coup, RFI et Radio France ont publié deux articles à charge sur le Gabon. Le point commun entre ces médias : ils sont tous deux placés sous le giron de l’Etat français. En août dernier, La Libreville avait publié le témoignage d’un ex-journaliste de RFI qui explique pourquoi la couverture du Gabon au sein des médias publics français est aussi négative. Compte tenu de l’actualité, nous le publions à nouveau en raison de son caractère particulièrement éclairant.

Pour cet ex-journaliste de RFI, la couverture négative faite par les médias publics français du Gabon est révélatrice d’un mal plus profond. « Les médias du service public français sont sujets à une dérive idéologique ces dernières années. Le pluralisme est de moins en moins évident lorsque vous prenez des chaines comme France Info ou France Inter. Il est d’ailleurs impossible d’y faire carrière si vous ne partagez pas la pensée dominante, je dirais même hégémonique », déplore-t-il, rappelant que « 97 % des journalistes avaient déclaré avoir voté pour le même candidat lors de la présidentielle de 2012 » (NDLR : François Hollande en l’occurrence).

« Au sein du service public français de l’audiovisuel, il y une confusion de plus en plus grande entre journalisme et militantisme. Les choix éditoriaux sont très orientés. Souvent, ce sont les mêmes sujets, marginaux, qui sont surreprésentés à l’antenne », relève cet ex-journaliste. « En outre, le commentaire des journalistes prend totalement le pas sur les faits, réduits à la portion congrue. C’est donc plus une opinion qui est donnée qu’une information. Le journaliste, en somme, nous dit quoi penser. Du coup, il n’est pas étonnant que la profession de journaliste soit la plus détestée en France, même devant celle de banquier », s’exclame-t-il.

« Sous couvert de neutralité, il y a une vraie partialité »

« Ces médias vivent dans une bulle. Ils ne sont plus considérés comme crédibles par l’écrasante majorité des Français qui ne se laissent pas manipuler par ce qu’ils considèrent être une vaste entreprise idéologique dont ils ne sont pas dupes », fait-il observer.

Pour cet ex-journaliste, les tares dont souffrent les médias publics français se reflètent dans leur couverture de l’actualité africaine. « Il est évident qu’il y a un parti pris pro-opposition. C’est le courant romantique ultra-majoritaire dans les rédactions où les journalistes ne sont pas là pour dire le vrai mais le beau, autrement dit, défendre de leur point de vue la veuve et l’orphelin », constate-t-il. « Sous couvert de neutralité, il y a en réalité une vraie partialité », ajoute-t-il.

« Et tout cela se fait avec l’argent des Français car ce sont leurs impôts qui financent ces médias. On serait tout de même en droit d’attendre autre chose de la part des médias publics », déplore-t-il en conclusion de notre entretien.

Pour rappel, ce weekend RFI et France Info ont publié coup sur coup deux articles à charge sur le Gabon, le premier sous le titre : « Polémique sur la signature d’Ali Bongo lors du sommet de la CEEAC » (lire notre article), le second intitulé : « Un activiste gabonais compare son pays à un bateau ivre, sans gouvernail et sans capitaine (lire notre article). A lire les explications, factuelles et objectives de cet ex-journaliste de RFI, il ne s’agit manifestement pas d’une coïncidence.