[Analyse] La relance de la production de riz, un enjeu stratégique pour le Gabon

Le premier ministre Julien Nkoghe Bekalé et le ministre de l'Agriculture Biendi Manganga Moussavou visitant une plantation de riz ce samedi 16 mars @ Facebook/Biendi Manganga Moussavou

Le premier ministre Julien Nkoghe Bekalé et le ministre de l’agriculture Biendi Manganga Moussavou ont lancé samedi la récolte du riz dans un champ d’expérimentation situé à Bizango Bi Béré, dans la périphérie sud de Libreville. Après plusieurs échecs, le pays compte relancer cette production au nom d’un quadruple impératif : réduire sa dépendance alimentaire et alléger la facture de ses importations tout en diversifiant son économie et en créant des emplois. 

Ça n’est pas la première fois que le Gabon se lance dans la production de riz. Mais après plusieurs tentatives infructueuses, cette fois-ci, l’expérience est réussie. La récolte, fruit d’un programme financé par la Coopération alimentaire et agricole Corée-Afrique (KAFACI), en collaboration avec la chercheuse de l’Institut de recherche technologique, Yonnelle Moukombi, propriétaire du champ d’expérimentation à Bizango Bi Béré, au sud de la capitale, s’annonce prometteuse. C’est ce qu’on pu constater in situ le premier ministre Julien Nkoghé Bekalé et le ministre de l’Agriculture Biendi Manganga Moussavou.

Fort de ce succès, plusieurs autres hectares seront aménagés dans la même plantation dans les prochaines semaines. « Nos terres sont adéquates pour la culture du riz. Nous avions déjà effectué des tests. J’avais déjà participé à la production rizicole avec l’Onader à Bikele », a expliqué la chercheuse. « Le Ministère de l’Agriculture est ravi de disposer de ces semences pour lancer le programme national de production intensive et moderne de riz. Ces semences de qualité seront mises à la disposition des compatriotes qui veulent se lancer dans la riziculture », a indiqué, de son côté, le ministre de l’Agriculture. « Il s’agit de hisser le niveau de production du riz ‘made in Gabon’ a un niveau supérieur », explique un ingénieur agronome qui accompagne ce jour-là la délégation ministérielle.

Quadruplement stratégique

Comme en témoigne la présence du premier ministre et de son ministre de l’Agriculture, l’événement est tout sauf anecdotique. Pour le pays, il revêt un quadruple enjeu stratégique.

Il s’agit tout d’abord de réduire sa dépendance alimentaire. A l’instar des autres pays d’Afrique, le Gabon est un gros consommateur de riz. Or, jusqu’à présent, la totalité du riz consommé dans le pays est importé.

Chaque année, près de 70 000 tonnes de riz sont débarquées au port, ce qui représente une facture de 8 milliards de francs CFA. En raison de la baisse des prix du pétrole, les termes de l’échange devenant défavorable, le gouvernement cherche à réduire la facture de ses importations. « Le Gabon doit davantage produire ce qu’il consomme », indique un conseiller du premier ministre.

Ce faisant, le gouvernement gabonais poursuit un autre de ses objectifs prioritaires : développer l’agriculture afin de diversifier sa structure économique et créer des emplois. Le secteur agricole est en effet réputé très intensif en main d’oeuvre. Il a également le mérite de contribuer fortement à l’aménagement du territoire.

Or, par définition, la production agricole est le fait de zones rurales qui manquent cruellement d’activité économique. De nombreux jeunes sont ainsi incités chaque année à quitter ces territoires pour venir grossir les rangs des quartiers populaires des grandes métropoles. Une situation loin d’être idéale.