[Analyse] Prêts accordés par le FMI en Afrique pour lutter contre le Covid-19 : Pourquoi le Gabon figure parmi les pays les plus aidés

Le Palais du Bord de mer, siège de la Présidence gabonaise © DR

Avec 147 millions de dollars de prêts accordés ces derniers mois, le Gabon est en Afrique le pays l’un des pays les plus aidés par le Fonds monétaire international pour faire face au coronavirus. Il faut dire qu’il est considéré comme l’un des plus exemplaires dans la riposte face à la pandémie. Mais là n’est pas la seule raison. Explication. 

Le Gabon, l’un des chouchous africains du FMI. C’est la leçon à tirer du classement fait des pays africains au regard des prêts accordés par l’institution de Bretton Woods pour leur permettre de faire face à l’épidémie de Covid-19.

Dans ce classement, le Gabon est, avec 147 millions de dollars, parmi les pays qui bénéficient du montant de prêt le plus élevé en regard de sa population (2,1 millions d’habitants). Au total, par tête d’habitant, ce sont 14 285 dollars qui lui ont été accordés.

En valeur absolue, le Nigeria est le pays qui bénéficie du plus gros montant (3,4 milliards de dollars, suivi par l’Egypte (2,772 milliards de dollars).

« Avant tout, ce classement reflète la confiance qu’a le FMI envers les différents Etats », commente un macro-économiste, spécialiste des pays du Sud.

Selon les experts du FMI, l’aide au Gabon se justifie par plusieurs raisons. Certes, le pays est considéré comme l’un des plus exemplaires en matière de réponse sanitaire face au Covid-19. Mais sa gestion financière est également plébiscitée. Ces derniers mois, à bas bruit, le pays a revu la structure de ces dépenses, écartant celles inutiles ou somptuaires, pour privilégier celles dont le rendement socio-économique (ou, dit plus simplement, l’utilité) est le plus grand. Enfin, s’agissant de prêts et non de dons, ceux-ci doivent être remboursés. Or, le FMI conditionne également ses prêts à la capacité qu’on les pays à les rembourser. Justement, à l’occasion de cette crise, le Gabon a fait la démonstration de sa capacité à tenir ses engagements et honorer ses échéances, tant vis-à-vis de ses agents, que des marchés, de ses prestataires ou autres partenaires. « En clair, le risque de défaut du Gabon est inexistant », explique, catégorique, le chef économiste pour l’Afrique d’une grande banque internationale.

Enfin, il y a un autre élément qui a beaucoup pesé dans le niveau de soutien apporté par le FMI au Gabon. Depuis six mois, la lutte contre la corruption n’y est plus, comme elle a pu l’être par le passé, un slogan mais une réalité. L’opération Mamba a été relancée et l’opération Scorpion, qui a entraîné l’incarcération d’une vingtaine d’ex-hauts responsables publics en fin d’année dernière, bat son plein. Résultat, constate en off les experts du FMI, « le niveau d’évaporation des caisses de l’Etat », comme ils le disent pudiquement, « n’a jamais été aussi faible ces dernières années ».