[Analyse] Pourquoi la baisse de ses recettes pétrolières est (potentiellement) une bonne nouvelle pour le Gabon ?

Plateforme pétrolière au Gabon © DR

Entre 2013 et 2018, les recettes pétrolières dans le pays ont baissé de 860 milliards de F CFA.

C’est une baisse importante. Estimées à 1442,4 milliards de F CFA en 2013, les recettes pétrolières du Gabon ont chuté à 583 milliards de F CFA en 2018. Soit une baisse de 860 milliards de F CFA en 5 ans. C’est ce qu’indique le dernier rapport conjoncturel élaboré par la Direction générale de l’Economie et de la Politique Fiscale (DGEPF).

Est-ce pour autant une mauvaise nouvelle ? Paradoxalement non.

Tout d’abord, cette chute des revenus pétroliers constitue une puissante incitation à poursuivre et intensifier la diversification de l’économie, au détriment du secteur pétrolier, certes générateur de revenus mais peu créateur de valeur ajoutée, d’emplois et qui n’est pas sans externalités négatives (inflation, corruption, etc., ce que l’on dénomme le dutch desease).

Ensuite, une telle baisse devrait inciter les autorités à développer un climat des affaires favorables afin d’accroître le nombre d’entreprises et ainsi d’élargir la base fiscale sur laquelle prélever l’impôt. Ainsi, la baisse des revenus pétroliers se verrait-elle compenser par la fiscalité, une ressource endogène, plus stable que les revenus du brut, très volatiles sur les marchés internationaux et réputés avoir un effet d’éviction (plus les revenus tirés d’une matière première sont importants, moins l’Etat, qui dispose déjà de ressources suffisantes pour fonctionner, est incité à développer les autres secteurs de son économie).

Enfin, cette baisse des revenus pétroliers constitue un encouragement en puissance à l’adresse des autorités afin qu’elles poursuivent les réformes, notamment celles de l’Etat et des finances publiques. En effet, grâce à ces mesures volontaristes et aux économies qu’elles ont engendré, l’Etat gabonais aura désormais besoin de moins d’argent chaque année pour équilibrer ses comptes (la barre sera moins haute). Les éventuels surplus engrangés pourront être utilisés pour financer les dépenses d’investissement ou celles en matière sociale.

Comme le dit le proverbe, à toute chose malheur est bon. Voilà pourquoi, paradoxalement, la baisse des revenus tirés du pétrole pourraient être une bonne nouvelle pour le Gabon.