[Analyse] Pour pallier la baisse des recettes pétrolières et anticiper la fin de l’aide budgétaire du FMI, le Gabon mise sur les PPP et sur un meilleur recouvrement de l’impôt

Le nouveau ministre gabonais des PPP et de la Promotion des investissements, Jean-Fidèle Otandault © DR

Depuis près de dix ans, le pays est engagé dans une entreprise de diversification économique. Un mouvement qu’il compte aujourd’hui accéléré afin d’élargir sa base de recettes budgétaires. 

Plus que quelques mois avant la fin de l’appui budgétaire accordé par les bailleurs de fonds au Gabon au titre de l’accord du mécanisme élargi de crédit (MEDC).

Évalué entre 25 et 30 % du budget national, le soutien financier du FMI, de la Banque mondiale, de l’AFD et de la BAD va créer un gap de plusieurs milliards de francs CFA qu’il faudra combler afin d’équilibrer le budget de l’Etat.

Le recours massif à l’emprunt étant désormais exclu, le Gabon engagé dans une politique de désendettement qui commence à porter ses fruits (moins 4 points entre 2016 et 2019, la dette gabonaise passant de 64 à 60 % du PIB), le pays compte actionner principalement deux leviers.

Le premier est la mobilisation de sources de financement alternatives, comme les partenariats publics-privés (PPP). D’où la nomination, le 13 juin dernier, d’un ministre de plein exercice chargé de la Promotion des investissements, des Partenariats publics-privés et de l’amélioration de l’environnement des affaires. D’où le choix de confier un tel ministère à Jean-Fidèle Otandault, ex-ministre du Budget et l’un des membres du gouvernement les plus expérimentés. L’objectif est clair : financer le développement sans recourir systématiquement à l’emprunt, dont le montant étrangle certaines économies des pays africains.

Lors d’une première rencontre de prise de contact au siège de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANPI), le ministre a déclaré que « tous les pays africains qui ont une croissance de 8 % sont ceux qui attirent plus d’IDE et concluent des PPP », citant abondamment les cas du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et de l’Île Maurice.

Le stock des IDE au Gabon est de 9,5 milliards de dollars américains. Un montant modeste en regard de celui de certains pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire…) qui en totalisent 4 à 5 fois plus. « Nous nous sommes trop reposés sur le confort des recettes pétrolières », a rappelé M. Otandault. Aujourd’hui, celle-ci sont structurellement en baisse. En outre, la place trop grande occupée par le secteur pétrolier dans l’économie gabonaise n’a pas été sans entraîner des externalités négatives (inflation, faible création d’emplois, effet d’éviction du secteur privé par le secteur public, faible incitation à améliorer le climat des affaires, corruption, etc.).

Second levier que souhaite mobiliser le Gabon : la mobilisation des recettes intérieures. Comprendre, la mise en place d’un système fiscal (pour les personnes comme pour les entreprises) plus rationnel, ainsi qu’un système de recouvrement de l’impôt plus efficace.

« C’est un objectif commun à l’ensemble des pays d’Afrique. Ceux-ci doivent davantage mobiliser leurs recettes intérieurs et non pas compter sur l’aide extérieure ou sur les seuls droits de douanes », explique un économiste du FMI, qui insiste sur la nécessité d’élargir la base fiscale jusqu’à présent trop concentrée sur quelques acteurs. « Un bon impôt est un impôt à base élargie et à taux bas, et non l’inverse », rappelle-t-il.

Enfin, le pays compte également sur un troisième levier : le refinancement de sa dette. Profitant de la révision à la hausse de sa notation financière par l’agence Moody’s, le Gabon peut espérer remplacer la dette ancienne, arrivée à maturité et devant être remboursée, par de la nouvelle dette (pour un montant équivalent ou inférieur) dont le taux d’emprunt sera plus faible. C’est aussi un moyen pour l’Etat gabonais de parvenir à équilibrer son budget, cette fois-ci non pas en augmentant ses recettes mais en diminuant ses dépenses (en l’occurrence, le service de la dette qui a sensiblement diminué en l’espace d’un an du fait d’une politique volontariste de désendettement).