[Analyse] Comment le Gabon a convaincu le FMI de la pertinence de certaines exemptions douanières

Le FMI et le Gabon ont officiellement conclu ce mercredi 9 juin un nouvel accord triennal © DR

Les exemptions douanières accordées par le Gabon ont été au cœur des négociations qui ont débouché hier sur un accord en vue d’un nouveau plan d’aide triennal.

Si les difficultés posées ont été surmontées, c’est parce que l’Institution de Bretton Woods a compris les raisons pour lesquelles Libreville avait fait un tel choix.

« Notre objectif était de préserver le pouvoir d’achat des ménages, surtout en période de crise. Si nous avions relevé les droits de douanes sur un certain nombre de produits d’importation, ce sont les consommateurs gabonais, en particulier les plus modestes d’entre eux, qui auraient été impactés », explique un haut fonctionnaire du ministère des Finances qui a participé aux négociations qui ont abouti à la conclusion d’un accord avec le FMI pour les trois prochaines années (lire notre article).

Pour garantir le retour à l’équilibre des finances publiques, mis à mal par la crise de la Covid-19, le Gabon a opté pour une autre stratégie. « D’abord, il s’agit de stopper l’évaporation des deniers publics. D’où la lutte contre la corruption, la task force sur la dette intérieure, les recours systématiques en justice contre les arbitrages sollicités par des opérateurs peu scrupuleux ou encore le fichier biométrique des agents de l’Etat… Ces sujets peuvent paraître disparates mais ils répondent tous à une même logique », indique ce haut fonctionnaire qui insiste : « le Gabon ne doit payer que ce qu’il doit, seulement ce qu’il doit ».

« Ensuite », poursuit-il, « il s’agit d’optimiser les dépenses publiques de fonctionnement en évaluant rigoureusement leur efficacité. L’objectif étant de faire mieux avec parfois moins, ce qui est possible compte tenu des gains de productivité importants qu’il y a dans le secteur public. Quant aux dépenses d’investissement, elles peuvent être financées par des moyens innovants comme les PPP qui présentent l’avantage de ne pas creuser notre endettement », souligne le haut fonctionnaire.

L’économie est un moyen, le social une fin

« Enfin », selon lui, il y a un « troisième levier » : « la stimulation de la croissance ». « En favorisant l’activité, c’est-à-dire en stimulant la création d’entreprises et la production, on fera mécaniquement monter les recettes fiscales », fait-il observer. « D’où l’importance des réformes à venir », ajoute-t-il.

C’est donc en prenant la problématique par ces différents bouts que les autorités escomptent parvenir à rééquilibrer ses comptes publics sans faire peser l’effort sur les Gabonais. A juste titre car si l’économie est un moyen, le social, lui, est une fin.