A la tête de l’une des diplomaties les plus actives et influentes en Afrique, Ali Bongo Ondimba recevra demain les lettres de créance de trois nouveaux ambassadeurs en poste au Gabon

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba lors d'un forum sur les BRICS à Johannesburg en 2018 © DR

Jeudi 13 août, le chef de l’Etat gabonais recevra au Palais du Bord de mer les lettres de créance des nouveaux ambassadeurs du Japon, du Venezuela et de la Côte d’Ivoire. Ils représenteront désormais leur pays respectif au Gabon.  

Ça n’est un secret pour personne. Ali Bongo Ondimba affectionne tout particulièrement les questions régaliennes. La défense certes -il fut pendant dix ans, au début des années 2000, le ministre de ce secteur – mais également la diplomatie, domaine dans lequel ses connaissances et son aisance dans la langue de Shakespeare facilitent bien des choses.

Demain, jeudi 13 août, le numéro un gabonais recevra au Palais du Bord de mer les lettres de créance que lui présenteront trois nouveaux ambassadeurs : celui du Japon, du Vénézuela et de la Côte d’Ivoire.

Le Japon est un partenaire majeur en Afrique où il mène une politique diplomatique très active via la Ticad. Le Vénézuela, s’il est en proie à des difficultés intérieures, reste un acteur majeur dans le domaine pétrolier, un secteur stratégique pour le Gabon. Quant à la Côte d’Ivoire, elle est la première économie d’Afrique francophone en termes de taille de PIB, et a fortiori de la zone UEMOA, et à ce titre un partenaire économique majeur pour le Gabon.

« Il ne s’agit donc pas d’une pure cérémonie protocolaire. L’enjeu est majeur. Il s’agit pour le Gabon de bâtir des relations solides et profitables avec des pays qui, chacun dans leurs domaines, sont importants », explique un expert gabonais en relations internationales.

Incidemment, cette réception est l’occasion de mettre en lumière la diplomatie gabonaise, considérée comme l’une des plus actives et des plus influentes sur le continent.

Ça n’est en effet pas un hasard si, depuis 2015, le Gabon est à la tête de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale. En décembre dernier, son président en exercice, le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba, a fait adopter une réforme institutionnelle majeure, qualifiée « d’historique », longtemps réputée être un véritable serpent de mer.

Sur le plan continental, à travers notamment le truchement de l’Union africaine, le Gabon est un partenaire recherché en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de maintien de la paix, en raison de la qualité et du professionnalisme de son armée.

Enfin, à l’échelle internationale, le Gabon, pays recouvert à 85 % par la forêt équatoriale, l’un des deux poumons verts de la planète qui renferment à eux seuls la moitié de la biodiversité mondiale, est considéré comme le pays le plus offensif en matière de défense du climat et de l’environnement sur le continent.

Ali Bongo Ondimba a longtemps présidé le Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC) avant de passer l’année dernière le témoin à l’Afrique du sud (lire notre article). Et en décembre dernier, lors de la COP 25 à Madrid, le Gabon a été désigné pour prendre la tête du Groupe africain des négociateurs sur le climat (lire notre article).

Ali Bongo ‘à tu et à toi’ avec les chefs d’Etat de la planète

Pour nombre d’observateurs internationaux, la puissance de la diplomatie gabonaise s’explique en partie grâce à l’implication personnelle du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba qui pilote en direct plusieurs dossiers importants. « Ali Bongo est ‘à tu et à toi’ avec les chefs d’Etat de la planète. Il connait personnellement Xi Jinping, Vladimir Poutine, Emmanuel Macron ou encore toutes les personnalités du Golfe persique. C’est un atout considérable dans un domaine où les relations inter-personnelles entre dirigeants comptent pour énormément », explique un universitaire, rattaché au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

Signe de l’importance stratégique qu’accorde Ali Bongo Ondimba à la diplomatie, lors de la nomination du nouveau gouvernement le 18 juillet dernier, c’est un proche parmi ses proches qui a été nommé à la tête du ministère des Affaires étrangères, Michael Moussa Adamo (lire notre article). Une manière pour le numéro un gabonais de garder un œil toujours très attentif sur l’ensemble des dossiers continentaux et internationaux.