C’est ce qu’a confié un membre de la famille de l’ex-vice premier ministre, auteur cette semaine sur Facebook d’un post haineux, qui a suscité un tollé au Gabon, visant le directeur de cabinet d’Ali Bongo.
« Il faut “tuer” Brice Laccruche Alihanga dans le ndjobi ! Mais vous les Batéké vous êtes comment ? Un Marseillais et quelques Marocains jouent avec l’esprit de votre parent (au risque d’en faire un fantôme – Ditengou) et vous laissez faire ? », a écrit sur sa page Facebook Ben Moubamba ce mercredi 20 février.
Hormis une poignée de médias proches de l’opposition qui ont fait preuve d’une complaisance troublante à l’égard des propos tenus par l’ex-VPM, ceux-ci ont suscité un véritable tollé au Gabon et une réprobation unanime.
« Il ne faut pas lui chercher d’excuses. Ecrire par exemple, comme je l’ai lu quelque part, que les propos de Ben Moubamba constitueraient de simples « déclarations chocs », ce qui est un doux euphémisme, ou bien tenter d’expliquer que les propos de Ben Moubamba ne seraient au fond pas si graves car ils n’auraient qu’une portée symbolique en expliquant que le Njobi est un rite initiatique du sud-est du pays ayant vocation à rendre justice sur le plan spirituel, est proprement irresponsable », a réagi, outré, un ministre.
De fait, au Gabon, beaucoup considèrent qu’il s’agit d’un appel public au meurtre et que de tels propos devraient amener la Justice à se saisir de cette affaire (lire notre article à ce sujet).
Mais quelques uns ne sont pas de cet avis. En particulier les membres de la famille de Bruno Ben Moubamba qui tentent d’expliquer ses propos par les troubles psychiatriques dont l’intéressé serait sujet depuis longtemps déjà.
« Bruno souffre sur le plan psychiatrique depuis plusieurs années. S’il était traîné en justice, il serait déclaré pénalement irresponsable. C’est sûr », explique l’un de ses cousins qui appelle à l’indulgence. « Il faut l’excuser », dit-il. Il est vrai que les propos de l’ex-VPM sont souvent fantasques, voire incohérents. Tout comme sont déconcertantes les frasques dont il est coutumier (chacun garde à l’esprit l’épisode où il s’est roulé parterre lors d’une cérémonie rituelle dont la vidéo a tourné en boucle sur les réseaux sociaux alors qu’il était encore ministre).
Mais pour d’autres, Bruno Ben Moubamba a les pieds bien sur terre et ne jouerait en réalité que la comédie. « L’outrance sur les réseaux sociaux fait partie de sa stratégie. Comme il a tout perdu sur le plan politique, son poste de ministre comme les dernières élections législatives, il tente de continuer d’exister. Et pour ce faire, il doit toujours aller un cran plus loin », dit convaincu un autre membre du gouvernement.
Dans quel but ? Brice Laccruche, cible des propos haineux de l’ex-VPM, a lui-même levé aujourd’hui un coin du voile. Bruno Ben Moubamba « envoie régulièrement des messages pour obtenir une nomination. C’est un peu un maître chanteur », a confié à nos confrères de Jeune Afrique le directeur de cabinet d’Ali Bongo, ajoutant qu’il ne savait pas s’il fallait « en rire ou en pleurer ».
