« Il faut ”tuer” Laccruche Alihanga » : la justice gabonaise appelée à se saisir des propos haineux proférés par Bruno Ben Moubemba à l’encontre du directeur de cabinet d’Ali Bongo

Le président Ali Bongo Ondimba (au centre), aux côtés de son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga (à gauche) (Archives) © DR

Pour beaucoup, c’est tout bonnement un appel au meurtre qu’a lancé Bruno Ben Moubamba à l’encontre de Brice Laccruche Alihanga sur sa page Facebook ce mercredi 20 février. Plusieurs personnalités appellent aujourd’hui la Justice gabonaise à se saisir du dossier. 

Toujours un cran plus loin dans l’outrance. Depuis plusieurs semaines, l’ex-vice-premier ministre, sèchement débarqué du gouvernement en août 2017 en raison de ses frasques, et qui fait le bonheur des médias en ligne en raison de ses saillies sur les réseaux sociaux, a, semble-t-il, cette fois-ci franchi la ligne rouge.

« Il faut “tuer” Brice Laccruche Alihanga dans le ndjobi ! Mais vous les Batéké vous êtes comment ? Un Marseillais et quelques Marocains jouent avec l’esprit de votre parent (au risque d’en faire un fantôme – Ditengou) et vous laissez faire ? », a écrit sur sa page Facebook Ben Moubamba ce mercredi 20 février.

A l’ordinaire, les posts de l’ex-VPM suscitent plutôt l’amusement et les railleries en raison de leur caractère incongrue et, disons-le, clownesque. Mais là, le propos ne prête nullement à sourire. « Il s’agit ni plus ni moins que d’un appel au meurtre. C’est très grave. C’est pénalement répréhensible. La justice doit se saisir de tels faits », a commenté en off un ministre du gouvernement.

Même son de cloche du côté du PDG. « Il serait incompréhensible que la Justice ne se saisisse pas de tels faits qui sont gravissimes. Jusqu’à nouvel ordre, l’appel au meurtre, fut-ce t’il symbolique, n’est pas permis par nos lois. Si on laisse impunis de tels propos, quel exemple donnons-nous à nos jeunes ? », a réagi de son côté un haut-responsable du parti au pouvoir qui juge totalement irresponsable l’usage que fait Bruno Ben Moubamba sur les réseaux sociaux.

Beaucoup estiment que les outrances de Bruno Ben Moubamba sont une façon de continuer à exister au moment où il est politiquement fini. Brutalement évincé du gouvernement en août 2017, il a été sévèrement battu aux législatives en octobre dernier. « La seule tribune politique qui ne lui a pas encore été retirée, c’est Facebook », ironise l’un de ses anciens compagnons de route qui s’est détourné de lui depuis plus d’un an. « Or, pour se faire remarquer, Bruno va toujours un cran plus loin dans l’outrance, quitte à friser l’intolérable », déplore-t-il.

Reste que compte tenu de la violence des propos proférés, impossible aujourd’hui de trouver la moindre excuse à son auteur. Rares sont d’ailleurs ceux à tenter de le faire sur les réseaux sociaux. A l’inverse, les commentaires outrés ne cessent d’affluer de tous bords. « Je ne suis pas partisane de ce régime mais il y a des choses qui sont intolérables. Personne et surtout pas quelqu’un qui se prétend responsable politique, devrait se permettre de tenir de tels propos haineux à l’encontre de qui que ce soit, dans la vie réelle comme virtuelle », écrit Maëlys, une jeune gabonaise sur Facebook.

Sur ce même réseau social, le secrétaire général adjoint de l’Union des jeunes du Parti démocratique gabonais (UJPDG), Marius Assoumou Ndong, après avoir condamné avec la plus grande fermeté les propos de Ben Moubamba, a tenu à lancer à ce dernier un avertissement. « Sachez qu’avant d’arriver à [Brice Laccruche Alihanga], plusieurs jeunes se dresseront sur votre chemin, en tête desquels moi-même », a-t-il prévenu.

Avant d’atteindre une telle extrémité, il se peut fort que la Justice se saisisse du dossier.