Pour Reporters sans frontières (RSF), parce que c’est au Gabon, insulter et diffamer le président fait partie de la liberté d’informer

L'organisation Reporters sans frontières est décidément abonnée aux polémiques au Gabon © DR

Après s’être offert une première polémique il y a quelques semaines au Gabon pour avoir diffusé une fake news, Reporters sans frontières en a essuyé une nouvelle aujourd’hui. L’organisation française, dont les positions sont souvent controversées, a pris fait et cause, de manière pavlovienne, pour le site « d’information » 7 jours infos, récemment  sanctionné par la Haute Autorité de la Communication (HAC). Sans manifestement, cette fois-ci encore, avoir pris la peine de se renseigner auparavant. 

Décidément, avec le Gabon, Reporters sans frontières va de charybde en Scylla. Autrement dit, de polémique en polémique. Au point que l’organisation française ferait mieux d’y réfléchir à deux fois avant de tweeter.

Le 2 décembre dernier, celle-ci n’avait pas craint d’affirmer qu’au Gabon « les journalistes critiquant la Cour constitutionnelle pourront faire l’objet de poursuites judiciaires et de peines de prison ». Une fake news qui lui avait valu des réactions indignées et surtout d’être la risée des réseaux sociaux gabonais (lire notre article).

Manifestement, RSF n’a pas tirer les leçons de ce précédent. Ce mercredi 12 janvier, l’organisation a récidivé. « Au Gabon, en 2022, les critiques du président entrainent encore des sanctions… La suspension du journal en ligne 7jours infos pour 1 mois après un article mettant en cause la capacité du président à gérer le pays est une décision zélée, anachronique et une sanction abusive« , a cru bon de commenter RSF sur son compte Twitter…

« Délire »

A croire que RSF n’a pas lu « l’article » en question. Voici ce que 7 jours infos y écrit : « Il devient de plus en plus difficile d’appliquer une logique cohérente aux actions d’Ali Bongo. Il est malade, il ne suit pas les raisonnements politiques, économiques ou sociaux des analystes, fonctionnaires. La supposée logique de ses actions est toujours reconstituée après coup, dans de tortueuses explications qui en fait n’ont aucune rationalité véritable. Bien-sûr, puisqu’Ali Bongo est malade et qu’il délire. Tout est permis puisque c’est ainsi qu’il ne s’est pas développé normalement. Rien n’est normal dans la gestion de l’Etat par un Ali Bongo empreint de séquelles post traumatiques l’empêchant de gouverner un pays ».

Imagine-t-on pareils propos sur le président Emmanuel Macron dans les journaux français ? Les responsables de RSF devraient pourtant savoir (mais peut-être n’est-ce pas le cas ?) que la liberté d’informer, fût-ce au Gabon, ne saurait être confondue avec le fait d’injurier ou d’offenser qui que ce soit, a fortiori un chef de l’Etat. Même en France, serait-on tenter de dire, la liberté d’informer est bornée. Elle n’est pas absolue. Pourquoi pas au Gabon ?

Mais peut-être que RSF en a une conception extensive. Que, pour elle, des élucubrations valent informations. En ce cas, il ne faut sans doute pas chercher bien loin les raisons pour lesquelles en France la presse est l’institution la moins considérée (pour dire les choses de façon méliorative…) par la population. La presse qui s’offre même le luxe d’arriver derrière les partis politiques (et très loin derrière l’armée et la police, n’en déplaise à RSF).

Mais les tweets hors-sol de RSF n’auraient-ils pas une autre explication ? L’organisation ignore peut-être tout simplement que le Gabon, même il est situé en Afrique, n’est pas une République bananière. Qu’il dispose d’un système de droit et même de règles qui, si elles ne sont pas respectées, peuvent donner lieu à des sanctions. A en juger par ses tweets quelque peu ethnocentrés, l’hypothèse n’est pas à écarter.

Au final, reste l’essentiel. Cela tient en une question : quelle est l’influence de RSF au Gabon ? Comme partout ailleurs en Afrique, et dans l’écrasante majorité des pays dans le monde, elle est au moins égale à zéro. Autrement dit, RSF au Gabon, c’est beaucoup de bruit (ou de tweets) pour… rien !