Perquisition chez Jean-Luc Mélenchon et au siège de LFI : « c’est l’arroseur arrosé », dit-on au Gabon

Scène surréaliste ce mardi 16 octobre. Jean-Luc Mélenchon se filme pendant une perquisition chez lui. « Personne ne me touche, ma personne est sacrée », a-t-il lancé aux policiers © Imprim écran vidéo

Des perquisitions ont eu lieu ce mardi matin au siège de La France insoumise, du Parti de gauche, chez Jean-Luc Mélenchon et chez d’anciens assistants du député LFI. Au Gabon, l’affaire fait sourire, Mélenchon et son parti n’hésitant pas en effet à donner des leçons de morale aux Gabonais.

Ces perquisitions ont été menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris.

La première concerne de présumés emplois fictifs d’assistants parlementaires européens. La seconde porte sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle et fait suite au signalement du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.

Ce matin, LFI a dénoncé un « coup de force politique, policier et judiciaire contre Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ». Un axe de défense classique chez le leader de La France Insoumise dont les coups de gueule sont suivis avec amusement au Gabon.

M. Mélenchon n’est en effet pas un inconnu pour les Gabonais. Lui et son parti sont les derniers à soutenir les manifestants pro-Ping place du Trocadéro à Paris, qui sont moins d’une dizaine chaque semaine et dont les prestations filmées et diffusées sur les réseaux sociaux sont moquées par les Gabonais. Régulièrement, ils n’hésitent pas non plus à prendre la parole sur la situation au Gabon avec un ton souvent moralisateur. « Il a un petit côté donneur de leçons de morale qui passe mal chez nous », explique un professeur en science politique de l’UBO qui pointe du doigt « une attitude qui frise parfois le néo-colonialisme » chez le leader de LFI. Du coup, pour cet universitaire, « c’est un peu l’arroseur arrosé ».

Un point de vue largement partagé par les Gabonais interrogés en fin de matinée dans les rues de Libreville. « Mélenchon ferait mieux de regarder la poutre dans son œil plutôt que la paille dans celui des Gabonais », réagit Martine, une fonctionnaire vivant dans le quatrième arrondissement de la capitale gabonaise. « Je suis partisane de l’opposition. J’ai voté Barro Chambrier aux élections. Mais on en a marre des donneurs de leçons qui nous font la morale depuis Paris. Ils ne connaissent rien de la réalité ici », nous explique-t-elle.

Wilfried, jeune étudiant originaire d’Akanda et qui suit comme une série télé la vie politique française, voit dans les prises de parole de LFI sur le Gabon l’influence d’une des députés du parti, Danielle Obono. « C’est elle qui pousse le parti de Mélenchon à s’exprimer sur le Gabon. Mais elle ne sait pas ce qui se passe ici. Elle a une grille de lecture idéologique de la situation gabonaise qui l’empêche de bien comprendre la situation », explique cet étudiant en droit. « Elle est députée de la France, pas du Gabon. Elle ferait mieux de s’occuper des problèmes là-bas. Nous, on s’occupe des nôtres ici », poursuit-il.

Un point de vue très répandu dans les rues de Libreville ce matin où les leçons, quelles qu’elles soient, venues de l’extérieur (notamment des médias) sont de moins en moins audibles.