Lutte contre le trafic d’animaux sauvages : Les présidents du Gabon et du Costa Rica appellent à modifier le droit pénal international

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba est très investi dans la protection de la biodiversité © DR

Dans une tribune commune publiée ce jour, les présidents Ali Bongo Ondimba du Gabon et Carlos Alvarado Quesada du Costa Rica, appellent à la conclusion d’un nouvel accord mondial pour lutter contre le trafic d’animaux sauvages. Un appel qui résonne d’une manière toute particulière en cette période de pandémie de Covid-19 qui n’est pas sans lien avec le trafic des espèces sauvages.

Ces deux pays, particulièrement riches sur le plan de la biodiversité et reconnus pour leurs efforts en matière de protection de l’environnement, demandent que la prévention et la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages soient intégrées dans le cadre du droit pénal international à travers l’élaboration d’un nouvel accord mondial.

Cet accord pourrait prendre la forme d’un quatrième protocole ajouté à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC). Les trois protocoles existants portent sur la traite des personnes, le trafic illicite de migrants et la fabrication et le trafic illicite d’armes à feu.

« Nous demandons à toutes les nations de travailler avec nous pour faire en sorte que les avantages dont nous bénéficions grâce à la vie sauvage profitent aux communautés locales, aux investisseurs légitimes et aux budgets nationaux des pays sources, et non aux groupes criminels transnationaux… Il est temps de traiter les crimes contre la faune sauvage comme les crimes graves et hautement destructeurs qu’ils constituent », ont exhorté les présidents Ali Bongo Ondimba et Carlos Alvarado Quesada.

Pour les deux dirigeants, la criminalité liée aux espèces sauvages constitue une grave menace pour la santé humaine et animale et conduit d’innombrables espèces vers l’extinction, dégrade les écosystèmes et leur capacité à piéger le carbone.

Au Gabon, la population des éléphants de forêt du parc national de Minkebe en dix ans (entre 2004 et 2014) a diminué de 80 % de la population d’éléphants. Une situation d’autant plus inquiétante que près de 50 % des spécimens vivant en Afrique centrale se trouveraient au Gabon.

Un lien entre la pandémie de Covid-19 et le trafic d’espèces sauvages

Le trafic international d’espèces sauvages a, en outre, un impact économique et financier très négatif sur les pays concernés. Celui-ci « prive les gouvernements de revenus indispensables et exacerbe la corruption, l’insécurité et la pauvreté. La Banque mondiale estime la valeur du trafic d’espèces sauvages à un montant stupéfiant de 1 à 2 000 milliards de dollars par an. La perte soudaine et dramatique des revenus du tourisme animalier en 2020 a décimé les emplois et les moyens de subsistance, et a entraîné une diminution du financement des efforts de conservation, rendant la faune sauvage plus vulnérable au braconnage », font observer les présidents Ali Bongo Ondimba et Carlos Alvarado Quesada dans leur tribune.

Cet appel, de la part du Costa Rica et du Gabon, qui sont tous deux membres de la « Coalition haute ambition pour la nature et les personnes » qui réunit plus de 60 pays, trouvent en cette période un écho particulier. La pandémie de Covid-19 n’est probablement pas sans lien avec le trafic d’animaux sauvages.