« La plainte contre Noureddin Bongo Valentin est un joli coup de com qui ne mènera encore une fois à rien » (Présidence gabonaise)

Jessye Ella Ekogha, le porte-parole de la Présidence, lors d'un point-presse le 23 décembre 2019 © DR

C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de la Présidence de la République, Jessye Ella Ekogha sur la Radio France internationale (RFI), réputée pour sa couverture bienveillante à l’égard des activistes gabonais.

Lundi 13 janvier 2020, les présidents de quatre organisations pro-opposition, parmi lesquelles le Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG) et la confédération syndicale Dynamique unitaire, ont porté plainte contre le coordonnateur des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, devant la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI).

« Cette plainte ne peut être prise au sérieux. Elle repose sur des faits qui se seraient prétendument déroulés dans la nuit du 6 janvier. Ces faits, qui sont décrits dans la plainte, sont une espèce de fake news créée sur les réseaux sociaux la semaine dernière qui ne repose, à l’évidence, sur aucune preuve matérielle. Je suppose que les associations en question sont incapables de produire ne serait-ce qu’un seul procès verbal pour prouver les faits qu’elles allèguent. C’est un concept que l’on connait bien ici. C’est un joli coup de com qui ne mènera encore une fois à rien, qui ternit davantage l’image du pays que de la personne incriminée et qui n’a aucun impact », a commenté placidement le porte-parole.

De fait, la plainte en question repose sur des faits supposés et non avérés (lire notre article). « Ces faits sont une espèce de fake news qui a été créé sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Ils ne repose sur aucune base légale, sur aucun PV, sur aucun élément matériel », a déclaré M. Ella Ekogha.

En outre, les plaignants, quatre organisations de la société civile, connue pour leur opposition radicale au pouvoir en place, n’ont aucun qualité pour agir, autrement dit pour saisir la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite.

En l’absence de preuves réelles et de qualité pour agir de la part des plaignants, cette action en justice n’a aucune chance de prospérer.

Mais là n’est pas l’objectif des plaignants dont le but est de faire le buzz médiatique. « Prenez un thème qui est dans l’actualité et qui fait débat dans l’opinion : la corruption et l’enrichissement illicite ; prenez une personnalité très médiatique, comme Noureddin Bongo Valentin, et vous avez un cocktail parfait pour faire le buzz dans les médias et sur les réseaux sociaux », analyse un professeur en communication politique de l’UOB. « Dans quelque temps, vous verrez que les plaignants crieront au déni de justice car leur plainte n’a pas été traitée, quand bien même celle-ci est sans fondement et qu’ils n’ont pas qualité pour agir », prédit-il.

Selon lui, cette plainte en rappelle une autre : celle d’un autre collectif de la société civile, proche de l’opposition lui-aussi, Appel à agir, qui avait en 2019 ester en justice sans avoir qualité pour agir devant les tribunaux ordinaires et la Cour constitutionnelle en vue de faire déclarer la vacance du pouvoir présidentiel. A l’époque, la cible s’appelait Ali Bongo Ondimba.

Cette plainte n’avait pas abouti sur le plan judiciaire. En revanche, elle avait permis aux membres du collectif de prendre la lumière médiatique et de crier au déni de Justice.

Au Gabon, beaucoup s’interrogent sur le timing de cette plainte. « Parmi les plaignants, vous avez deux syndicalistes, Jean Remy Yama et Marcel Libama, qui tentent de torpiller les négociations en cours entre le gouvernement et les partenaires sociaux sur la réforme de la fonction publique ». Selon lui, cette plainte contre Noureddin Bongo Valentin s’inscrirait dans le cadre de cette stratégie du rapport de force (lire notre article).