« La leçon à tirer de l’affaire Nzouba-Ndama, c’est que le Congo-Brazzaville n’a pas renoncé à s’ingérer dans la vie politique gabonaise » (ambassadeur)

Le président congolais Denis Sassou-Nguesso © DR

Eclairée par les révélations d’Africa Intelligence, l’affaire Guy-Nzouba Ndama, du nom de l’ex-président de l’Assemblée nationale gabonaise intercepté le 17 septembre dernier à son retour du Congo-Brazzaville avec sur lui 1,8 milliards de FCFA en liquide, constitue pour beaucoup le signe que Brazzaville n’a pas renoncé à sa stratégie d’ingérence dans la vie politique gabonaise. Un avis notamment partagé par cet ambassadeur occidental, en poste aujourd’hui ailleurs en Afrique, mais qui connait le Congo sur le bout des doigts. 

Mardi 15 novembre, Africa Intelligence, lettre confidentielle réputée sur l’Afrique, révélait qu’une mésentente entre deux proches du président Denis Sassou Nguesso, le colonel Guy Pella et Jean-Dominique Okemba, étaient à l’origine de l’arrestation le 17 septembre dernier à la frontière entre le Gabon et le Congo-Brazzaville de l’ex-PAN gabonais Guy Nzouba-Ndama (lire notre article).

Selon ce média, les fonds saisis (1,8 milliard de FCFA en liquide) proviendraient, non de la vente d’un terrain comme l’a expliqué M. Guy Nzouba-Ndama devant le tribunal de Franceville, mais d’un don de Brazzaville qui aurait transité entre les mains du colonel Guy Pella, un des hommes de confiance du président congolais Denis Sassou-Nguesso.

A cela rien de nouveau. Comme le rappelle Africa Intelligence, « par le passé, de nombreux opposants politiques gabonais – à l’image de Jean Ping pour l’élection de 2016 – sont (…) venus chercher un parrainage et un soutien financier auprès de Denis Sassou Nguesso, dont les relations avec Ali Bongo sont notoirement exécrables. »

Selon cet ambassadeur occidental, en poste il y a quelques années en Afrique centrale, cette pratique a toujours court aujourd’hui. « La principale leçon à tirer de l’affaire Nzouba-Ndama, c’est que le Congo-Brazzaville n’a pas renoncé à s’ingérer dans la vie politique gabonaise. Toutefois, si les lumières médiatiques sont aujourd’hui braquées sur M. Nzouba-Ndama, il serait faux de croire qu’il est le seul au sein de l’opposition gabonaise à rechercher des financements auprès de Brazzaville », explique le haut-diplomate qui ajoute que « Denis Sassou Nguesso reste, à ce jour, perçu comme le principal bailleur de fonds de l’opposition gabonaise. Son autre grand soutien est le président ivoirien Alassane Ouattara ». 

Nzouba-Ndama hors-jeu pour la présidentielle prévue en 2023 au Gabon, l’opposant gabonais qui aurait désormais les faveurs de Brazzaville serait, selon plusieurs sources, non pas Jean Ping comme en 2016, mais Alexandre Barro Chambrier, un ex-baron du PDG, d’une quinzaine d’années plus jeune, qui préside le RPM, un parti qui compte six députés.

Pour autant, prévient notre diplomate, « les largesses de Brazzaville ne se limitent pas à l’opposition gabonaise stricto sensu. Beaucoup d’argent transigent à travers certaines organisations ou personnalités dites de la société civile qui se font, avec plus ou moins de discrétion, les hérauts du Congo au Gabon ». Il n ‘est qu’à voir ces derniers jours certaines prises de position sur les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, pour s’en convaincre…