Affaire du milliard de Guy Nzouba-Ndama : Une mésentente entre deux proches du président congolais Denis Sassou-Nguesso à l’origine de l’arrestation de l’ex-président de l’Assemblée nationale gabonaise (Africa Intelligence)

Des bisbilles entre deux proches du président congolais Denis Sassou-Nguesso sont à l'origine de l'arrestation le 17 septembre 2022 de l'ex-PAN du Gabon Guy Nzouba-Ndama © DR

L’information, révélée ce mardi 15 novembre par le très informé Africa Intelligence, fait l’effet d’une bombe au Gabon comme au Congo-Brazzaville. 

Inextricablement, l’étau continue de se resserrer sur Guy Nzouba-Ndama.

Le 17 septembre dernier, l’ex-PAN du Gabon avait été arrêté en possession de trois valises négligemment disposée à l’arrière de son pick-up contenant 1,19 milliard de francs CFA en coupures de 10 000 FCFA à la frontière congolo-gabonaise.

Devant le tribunal de Franceville fin octobre, celui-ci avait affirmé que l’argent provenait de la vente d’un de ses terrains à Pointe-Noire où il se rend régulièrement.

La réalité est sensiblement différente. Comme le révèle dans ses colonnes le site d’information Africa Intelligence, c’est une toute autre piste qui est privilégiée par les enquêteurs.

« Leur enquête mène indirectement au Palais du peuple congolais. (Les enquêteurs) s’intéressent aux liens entre Nzouba-Ndama et le patron de la sécurité rapprochée du président Denis Sassou Nguesso, le colonel Guy Pella. Ce dernier est un m’bochi originaire de la ville de Boundji, l’endroit même où Nzouba-Ndama affirme avoir conclu la transaction de sa propriété de Pointe-Noire. Les deux hommes se connaissent bien et ont un temps cherché à coaliser une opposition face à Ali Bongo », renseigne Africa Intelligence, qui rappelle que « par le passé, de nombreux opposants politiques gabonais – à l’image de Jean Ping pour l’élection de 2016 – sont en effet venus chercher un parrainage et un soutien financier auprès de Denis Sassou Nguesso. »

Et Africa Intelligence de révéler que « selon (ses) informations, le tout-puissant secrétaire général du Conseil de sécurité nationale, Jean-Dominique Okemba, a été tenu à l’écart des prises de contact entre Nzouba-Ndama et l’entourage de Denis Sassou Nguesso. Or le maître-espion contrôle le service des douanes congolaises qui ont repéré l’opposant, mais l’ont laissé se jeter dans les filets de la douane gabonaise. »

Des informations qui recoupent celles collectées par La Libreville. « C’est un tuyau émanant du Congo-Brazzaville qui a permis l’arrestation de M. Nzouba-Ndama », avait confirmé à l’époque une source haut-placée. « C’est précisément la raison pour laquelle les douaniers gabonais, renforcés par des éléments de la gendarmerie, étaient pré-positionnés ce jour-là au bon endroit (le 17 septembre 2022, NDLR) ». Il ne s’agissait donc pas d’un traquenard mais bel et bien d’une opération de police sur la base d’un renseignement fiable compte tenu de l’identité de l’indicateur », souligne cette source. A l’époque des défenseurs de Guy Nzouba-Ndama avaient tenté de présenter son arrestation comme étant « un traquenard » monté par les services gabonais pour « l’écarter de la course à la présidentielle. »

L’ex-président de l’Assemblée nationale du Gabon attend désormais d’être jugé devant la Cour criminelle spéciale de Libreville pour « association de malfaiteurs et tentative de corruption, blanchiment de capitaux et… intelligence avec une puissance étrangère ». Compte tenu de ces éléments, il lui faudra se montrer bien plus convaincant que devant le tribunal de Franceville pour espérer sans sortir. Il risque cette fois-ci une très forte amende et plusieurs années de prison.