Incompréhension suite à une nouvelle intrusion au sein de l’ambassade du Gabon à Paris

L'ambassade du Gabon à Paris est régulièrement l'objet d'intrusions et de dégradations de la part d'une minorité d'activistes (ici, des tags réalisés sur les portes vitrées à l'entrée de l'ambassade en décembre 2017) © DR

Vendredi 31 août, des manifestants se réclamant de l’opposition gabonaise se sont à nouveau introduits dans l’enceinte de l’ambassade du Gabon en France. C’est le deuxième événement de ce type en l’espace de trois mois à peine. Cet incident qui consterne Libreville soulève beaucoup de questions, à la fois sur la sécurité du bâtiment et sur l’attitude des autorités françaises.

La dernière fois, c’était le 1er juin dernier. Une petite poignée de manifestants issus de l’opposition gabonaise s’étaient introduits dans les locaux de l’ambassade du Gabon à Paris, commettant au passage de nombreuses dégradations.

Rebelote ce vendredi 31 août. Aux environs de 14h30, deux partisans déclarés de Jean Ping se sont introduits dans la cour de l’ambassade après avoir escaladé la barrière à l’aide d’une échelle, alors qu’une vingtaine de personnes manifestaient au même moment devant les locaux de l’ambassade. Ces deux individus, munis de chaînes et de cadenas, avaient entrepris de prendre en otage le personnel de service.

Les agents de sécurité sont alors rapidement intervenus en faisant usage de gaz lacrymogène et en interpellant l’un des deux individus avant de le mettre à la disposition du commissariat du 16ème arrondissement de Paris. Le second individu s’est, quant à lui, volatilisé. Alertées, les forces de l’ordre françaises sont intervenues quelques temps plus tard pour disperser des manifestants de plus en plus violents, n’hésitant pas à faire usage de projectiles.

Cet incident, qui est le dernier d’une longue série, soulève beaucoup de questions. L’ambassade du Gabon en France a-t-elle pris toutes les mesures nécessaires pour prévenir ces incidents à répétition ?

Mais surtout, les autorités françaises ont-elles réellement pris la mesure du problème ? Malgré la récurrence de ce genre d’incidents et en dépit des nombreuses plaintes déposées – dont certaines de longue date – contre les auteurs de ces infractions, celles-ci n’ont jamais abouti et n’ont donc donné lieu à aucune condamnation, quand bien même il s’agit d’une petite minorité (« toujours les mêmes », précise une source officielle) dont le but est de faire le buzz sur les réseaux sociaux en y postant des vidéos des incidents qu’ils ont eux-mêmes causés. A preuve, la personne interpellée hier, Ghislain Armel Mbaloula-Bassala, est un multi-récidiviste qui n’en était pas à son coup d’essai.

Laxisme des autorités françaises 

Eric, un jeune chef d’entreprise, la trentaine, qui est revenu à Libreville après des études en école de commerce en France, pays dans lequel il retourne régulièrement, explique dans quel climat se déroule ce genre d’incidents.

« Il y a en France beaucoup de laxisme. On y tolère des choses que l’on ne devrait pas. Ces gens ne craignent pas la justice française car celle-ci ne fait pas son travail. Ils sont convaincus qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent car ils ne seront jamais sanctionnés. Il y a donc chez eux un sentiment d’impunité très fort », explique Eric.

Une autorisation à manifester avait bien été accordée à ce groupe de 16h00 à 22h00, place du Trocadéro. Celle-ci a bien eu lieu mais en dehors de la zone et des horaires convenus… « Vous verrez qu’ils reposeront une nouvelle demande de manifestation et que celle-ci leur sera accordée », prédit Eric.

Lassés par ces incidents à répétition, à Libreville, nombreux sont ceux à s’interroger, à l’instar de ce professeur de droit de l’Université Omar Bongo. « Imaginez un seul instant que tout cela se passe à l’ambassade de France au Gabon. Que n’aurions-nous pas entendu ? », fait-il observer. Un sentiment largement partagé au sein de la population qui voit dans la réaction des autorités françaises face à ce type d’incidents une forme de condescendance. « Sans doute les choses se passeraient-elles différemment s’il s’agissait de l’ambassade des Etats-Unis ou encore de l’ambassade de Chine à Paris », regrette l’universitaire.