« Grâce à la montée en puissance de sa filière bois, le Gabon est en passe de réussir son double pari de la diversification économique et du développement durable » (Le Figaro)

Le Gabon compte beaucoup sur sa filière bois pour assurer son avenir © DR

« Au Gabon, l’or vert doit progressivement remplacer l’or noir », a coutume de déclarer le président Ali Bongo Ondimba. Une phrase dont s’est inspirée le grand quotidien français Le Figaro pour titrer son article (« Après l’or noir, le Gabon valorise son or vert ») qui montre la montée en puissance de la filière bois dans une double optique de diversification économique et de développement durable. Extrait. 

Le virage pour la filière bois date de 2009. Le gouvernement gabonais interdit alors l’export de bois brut, visant à diversifier l’économie, créer de la valeur et des emplois. «En n’exportant que des grumes brutes, on offrait plus de 90 % de la valeur du bois et des emplois à l’étranger!», argue Lee White, l’emblématique ministre de l’Environnement, un scientifique britannique débarqué en 1989 pour sa thèse sur les primates. «La décision de 2009 a été un gros choc», se remémore le directeur de Rougier. Plusieurs opérateurs ont plié bagage ; ils ne voulaient pas prendre le risque de transformer localement.

D’autres ont fait ce pari, stimulés par la création, en 2010, d’une zone économique spéciale (GSEZ), sous la houlette du géant agricole singapourien Olam, venu aussi exploiter de l’huile de palme. Gugan Gupta (lire ci-dessous), ex-Olam, a créé la société Arise, spécialisée dans les zones industrielles et les infrastructures, actionnaire, avec l’État, de GSEZ. Son idée pour attirer les investisseurs est de créer un écosystème, de fournir les infrastructures (eau, énergie…) et de garantir l’approvisionnement (…)

Meubles et statues

Aujourd’hui, la zone compte une centaine d’entreprises, dont 80 % dans le bois, pour la plupart asiatiques. Surtout, le pays monte en gamme: après la première transformation (feuille de plaquage) et la deuxième (aggloméré et contre-plaqué), la zone économique de Nkok produit depuis peu ses premiers meubles « made in Gabon ». C’est le cas dans les ateliers de Gorilla lancée en 2016. « L’avantage de la zone, c’est l’exemption d’impôt, l’assistance pour l’export et l’accès en continu à l’électricité », témoigne son fondateur gabonais, Hervé Ekoué. (…) « Le bois gabonais est très coté », se réjouit-il, citant le beli brun, une essence veinée prisée des Asiatiques, le kosipo, apprécié des marchés européens, ou le wenge, réputé pour sa durabilité.

Le gros défi, insiste-t-il, est de trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Il forme des jeunes en alternance. « Nous avons 75 % à 80 % de turnover à cause des conditions de travail », témoigne de son côté Valéry Mbouroukounda, responsable ressources humaines de Greenply, entreprise indienne (…)

Faisant visiter le tout récent showroom qui expose statues et mobilier en bois, le directeur général de GSEZ, Kumar Mohan, se félicite du chemin accompli et des 16.000 emplois créés. « En 2010, le pays produisait 3,5 millions de m3 de bois pour 300 millions de dollars d’export ; il engrange désormais 1,4 milliard pour 2,5 millions de m3. À Nkok, nous obtenons un très bon rendement de 70 % car tout est sur place, contre 35 % dans le reste du pays, et dans le bassin du Congo. »

Futur leader

Le Gabon s’est hissé au deuxième rang mondial sur le déroulage (production de feuille) derrière le Vietnam et au troisième rang africain sur le contreplaqué, après l’Afrique du Sud et l’Égypte. Pour monter en puissance, Kumar Mohan mise sur la création de deux nouvelles zones économiques, à Lambaréné et Franceville, et sur des plantations, à l’instar de la Malaisie et du Vietnam, d’acacias et d’eucalyptus. «On fera un mix sur le contre-plaqué avec le bois de forêt naturelle», détaille-t-il.

Malgré les freins récurrents (…) et l’exploitation illégale de la forêt qui reste un fléau, il croit à l’immense potentiel du Gabon. Son entreprise espère récupérer des concessions – le gouvernement a imposé à tous les exploitants de passer à la norme FSC – et diversifier les essences.

« Ce pays a toutes les cartes en main pour devenir le leader mondial du bois d’œuvre, synthétise Jean-Benoît Sicard. Un code forestier très avancé, une volonté politique claire, un tissu économique, très peu de contraintes collatérales, une faible population (2 millions d’habitants, NDLR), pas trop de concurrence agricole et une ressource forestière bien gérée qui a augmenté depuis les années 1970. »

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