Gabon : vers une probable scission du Rassemblement Héritage et Modernité

Entre Alexandre Barro Chambrier (à gauche) et Michel Menga M'Essone (à droite), le torchon brûle © Facebook

Depuis la suspension puis le remplacement de Michel Menga M’Essone au poste de secrétaire général du RHM, le torchon brûle entre celui qui est devenu ministre de l’Habitat et le président du parti, Alexandre Barro Chambrier. La base militante du parti, elle, est très partagée. A tel point que beaucoup jugent désormais inéluctable une scission de cette formation d’opposition.

Entre Michel Menga M’Essone et Alexandre Barro Chambrier le torchon brûle. Le 5 mai dernier, le premier avait été, sur décision du second, suspendu de ses fonctions de secrétaire général pour avoir accepté, la veille, d’intégrer l’actuelle équipe gouvernementale.

La semaine dernière, il avait été remplacé à ce poste par le très effacé Faustin Laurent Bilie Bi Essone. Une décision contestable d’un point de vue juridique car, semble-t-il, non conforme aux statuts du parti. Un tel poste doit en effet être pourvu suite à une élection et non une désignation comme ce fut le cas en l’espèce.

Mais c’est surtout sur le plan politique que cette décision est critiquée. Michel Menga M’Essone conserve en effet une forte popularité auprès des militants du parti dont il est réputé proche. A l’inverse, Alexandre Barro Chambrier, le président du RHM, est jugé distant et froid par nombre de sympathisants. « Il a souvent souffert de la comparaison qui, il faut le reconnaître, ne lui est pas favorable », concède un proche de M. Barro Chambrier.

Un sentiment partagé par certains responsables du parti qui sont convaincus qu’Alexandre Barro Chambrier a profité de la nomination au gouvernement de son rival pour l’écarter du RHM. « C’est de l’opportunisme, c’est clair », confie l’un d’entre eux.

Rumeurs et cabale contre Michel Menga M’Essone

S’en est suivie une cabale contre de l’ex-secrétaire général. Des bruits ont couru suivant lesquels Michel Menga M’Essone aurait souhaité être candidat aux législatives. « C’est totalement faux », rétorque un dirigeant du RHM qui lui est resté fidèle. « Michel est tout entier concentré sur sa tâche de ministre. Il ne souhaite pas se disperser », explique-t-il ajoutant que « s’il avait voulu se présenter aux législatives, il aurait pris ces dispositions il y a déjà longtemps car cela fait un moment qu’il y a de l’eau dans le gaz avec le président ». Beaucoup soupçonnent l’entourage d’Alexandre Barro Chambrier d’être à l’origine de ces rumeurs. Quelques médias auraient même été contactés pour les relayer.

Si Michel Menga M’Essone n’a nullement l’intention de se présenter lors des élections législatives à venir, il pourrait fort bien, après le scrutin, fonder son propre mouvement. C’est ce que pense ce professeur en science politique de l’UOB. « Le plus probable est qu’il y ait une scission au sein du RHM. Alexandre Barro Chambrier est un président qui est loin de faire l’unanimité. Il a certes le soutien du bureau politique mais Michel Menga M’Essone jouit, lui, d’une forte popularité auprès de la base militante. S’il décidait de créer son parti, il est fort à parier que nombre des troupes du RHM quitteraient cette formation pour le rejoindre », explique ce politologue qui connait bien les deux hommes.

Le RHM, au bord de la scission

Mais celui qui résume le mieux la situation est un des membres du bureau politique du RHM. « Alexandre [Barro Chambrier] faisait face à un dilemme. Ne rien faire suite à la nomination de Michel [Menga M’Essone] aurait été montrer sa faiblesse. L’exclure du parti aurait été prendre le risque de s’aliéner une partie importante de la base militante du RHM », explique-t-il.

Finalement, Barro Chambrier a opté pour un jugement de Salomon : suspendre Menga M’Essone de son poste de secrétaire général mais sans aller jusqu’à l’exclure du parti. Pas sûr toutefois que cette demi-mesure suffise à éviter le pire. Car jamais le Rassemblement Héritage et Modernité n’a été aussi près de la scission.