Gabon : Alexandre Barro Chambrier doublement critiqué au sujet de Michel Menga M’Essone

Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) (à droite sur la photo) © Facebook

Le Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) a nommé la semaine dernière Faustin Laurent Bilie Bi Essone au poste de secrétaire général du mouvement en remplacement de Michel Menga M’Essone, qui a rejoint en mai le gouvernement. Une décision qui est loin de faire l’unanimité dans les rangs de ce parti d’opposition, tant pour des raisons juridiques que politiques. 

C’est le jeudi 16 août que le bureau politique du Rassemblement Héritage et Modernité a nommé Faustin Laurent Bilie Bi Essone au poste de secrétaire général. Celui-ci était jusqu’à présent le secrétaire général adjoint du parti chargé de la mobilisation, en même temps que son porte-parole.

A son nouveau poste, il succède à Michel Menga M’Essone, nommé le 4 mai dernier ministre d’Etat chargé de l’Habitat. Dès le lendemain, celui-ci avait été suspendu de ses fonctions au sein du RHM, en application des dispositions de l’article 132 des statuts du parti, pour avoir accepté d’intégrer le gouvernement.

La nomination du nouveau SG du RHM contestable sur le plan juridique…

Mais le président du RHM, Alexandre Barro Chambrier, ne s’attendait sans doute pas à ce que cette nomination soit aussi vigoureusement contestée dans les rangs du parti. Elle l’est d’abord sur le plan juridique car celle-ci ne semble pas conforme aux règles du parti.

« La désignation de Faustin Laurent Bilie Bi Essone viole le principe d’élection qui doit s’appliquer pour tous les postes de responsabilité au sein du parti », conteste l’un des responsables du RHM, juriste de formation. « Cette manière de faire est très ancien monde. L’élite du parti décide mais la base, elle, est priée de se taire. Nous qui prônons la démocratie, commençons déjà par l’appliquer à nous-mêmes », tempête celui-ci.

… et contestée sur le plan politique

Mais les critiques sont encore plus vives sur le plan politique. Car nombreux sont les militants qui conservent leur affection à l’endroit de Michel Menga M’Essone. Celui-ci reste très apprécié par la base du RHM. « Lui au moins, il était proche des militants », fait remarquer Jude, adhérent depuis sa fondation au RHM. « Malheureusement, on ne peut en dire autant de tout le monde », ajoute-t-il. aussitôt Dans sa ligne de mire figure Alexandre Barro Chambrier, le président du mouvement, qui est jugé froid et distant par nombre de militants. « Il n’a pas le contact facile, c’est certain », reconnaît l’un de ses fidèles.

En outre, le choix de Faustin Laurent Bilie Bi Essone est jugé décevant par la majorité de la base. « Il n’est pas antipathique. Mais par rapport à Michel, on ne gagne pas au change, c’est certain. Faustin est terne et effacé. Après tout, c’est peut-être ce que souhaitait le président [Alexandre Barro Chambrier] : avoir quelqu’un qui ne lui fasse de l’ombre », regrette un responsable provincial du parti. 

Et puis il y a ceux qui critiquent Alexandre Barro Chambrier pour son sens de… l’indécision. « Il vire Michel Menga M’Essone de son poste de secrétaire général et, en même temps, il le garde au sein du parti. C’est une demi-décision. Ça n’a aucun sens », fait observer Martine, une sympathisante, qui approuve le choix de l’ancien secrétaire général d’avoir rejoint le gouvernement. « Au moins, à son poste, Michel peut faire avancer les choses dans le bon sens. Alors que nous, nous sommes condamnés à nous plaindre », regrette-t-elle.  

Si elle avait été consultée, dit-elle, elle aurait voté pour le maintien de Michel Menga M’Essone à son poste de secrétaire général. C’est sans doute parce qu’ils sont nombreux à la base du mouvement à penser ainsi qu’Alexandre Barro Chambrier a préféré entériner le remplacement de l’actuel ministre de l’Habitat par le biais d’une désignation, plutôt que d’une élection qui aurait probablement été pour lui un camouflet.