Gabon : la validation de la candidature de Chantal Myboto critiquée par le pouvoir comme par l’opposition

Suite à une décision hier de la Cour Constitutionnelle, Chantal Myboto Gondjout pourra présenter sa candidature aux prochaines élections législatives au Gabon © DR

La Cour constitutionnelle a validé jeudi 20 septembre la candidature de la trésorière de l’Union Nationale (UN). Une décision qui créée des remous dans le camp de la majorité mais aussi – de façon plus surprenante – dans celui de l’opposition. 

En dépit de nombreux éléments à charge, la Cour constitutionnelle a de façon surprenante au regard du droit validé hier la candidature de Chantal Myboto Gondjout aux élections législatives au Gabon. La trésorière de l’UN briguera en effet à cette occasion le 1er siège de député dans le 1er arrondissement de Libreville.

Les recours déposés par ses adversaires, dont celui du PDG, ont donc finalement été rejetés. « L’UN était prête à crier à la politisation de la Cour constitutionnelle. Elle devrait maintenant reconnaître son impartialité », s’amuse un responsable du PDG, le parti au pouvoir.

Pour ce professeur de droit constitutionnel, cette décision n’est guère surprenante. « On a tendance à caricaturer la Cour constitutionnelle comme étant l’obligée du pouvoir au Gabon. Or, c’est une vue très superficielle. Il est vrai que certaines décisions peuvent être contestables. Mais si on les considère toutes, on se rend compte que la quasi-totalité sont rendues dans le strict respect du droit », explique l’universitaire.

Quand bien même, certains au PDG n’en démordent pas. « Je ne comprends pas cette décision. Les éléments étaient accablants et la Cour valide la candidature de Mme Myboto. C’est incompréhensible », peste Eric, un militant du parti au pouvoir dans le 1er arrondissement de Libreville.

Ping et Ntoutoume Ayi très critiques

Mais les principales critiques viennent, de manière plus inattendue, du camp de l’opposition. En privé, l’entourage de Jean Ping, qui n’a pas intérêt à voir l’Union Nationale de Zacharie Myboto réaliser un bon résultat à l’occasion de ces législatives, dit également sa surprise. Certains de ses proches crient même au complot. « Et si la Cour constitutionnelle avait, en dépit de l’évidence, validé la candidature de Chantal Myboto pour nous affaiblir un peu plus ? », s’interroge l’un d’entre eux. En effet, une guerre de succession larvée s’est ouverte ces derniers mois avec pour enjeu le leadership au sein de l’opposition gabonaise. Certains, dont Zacharie Myboto, tente de pousser vers la sortie Jean Ping. A l’instar de la grande majorité des opposants, M. Myboto n’a d’ailleurs pas suivi l’appel au boycott des élections législatives lancé par le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR).

Les critiques les plus virulentes toutefois sont à chercher du côté de… l’UN elle-même. En privé Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, qui guigne la présidence du parti, comptait lui aussi sur l’invalidation de la candidature de Chantal Myboto pour pousser ses pions. Cette dernière est en effet non seulement la trésorière du parti mais également la fille de son président, Zacharie Myboto. Tous deux forment un clan que Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, étoile montante de l’opposition gabonaise, rêve d’écarter. En privé, ses proches n’hésitent pas à pointer du doigt le népotisme qui présiderait au fonctionnement du parti.

Mais pour Jean Ping comme pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, tout n’est pas encore perdu. Il reste en effet le plus difficile à faire pour Chantal Myboto : convaincre les électeurs du 1er arrondissement de Libreville les 6 et 27 octobre prochain que sa candidature est la meilleure parmi les treize en lice dans cette circonscription très relevée.