Législatives 2018 au Gabon : « l’erreur de débutant » de Chantal Myboto qui pourrait entraîner l’invalidation de sa candidature

Chantal Myboto, la trésorière de l'UN, avec son père, Zacharie Myboto, le président du parti © DR

La candidate de l’Union nationale (UN) au 1er siège dans le 1erarrondissement de la commune de Libreville aux élections législatives à venir est sous le coup d’une invalidation de sa candidature par la Cour constitutionnelle. La fille du président du parti Zacharie Myboto a en effet commis une incroyable erreur : son suppléant serait en effet membre d’un autre parti politique, en l’occurrence du PDG (le parti au pouvoir), ce qui est strictement interdit par le Code électoral. 

La candidature de Chantal Myboto Gondjout aux élections législatives des 6 et 27 octobre sous les couleurs de l’Union nationale dans 1er arrondissement de la commune de Libreville devrait sans surprise être invalidée par la Cour constitutionnelle.

La raison de cette probable invalidation : le suppléant de la candidate de l’UN serait membre d’un autre parti, ce qui est formellement interdit par la loi électorale gabonaise. Le suppléant en question serait en effet Lambert Assang. L’homme, qui est très bien implanté dans la circonscription, s’avère être un membre du PDG, le parti au pouvoir. Une information confirmée par de nombreuses sources. Des recours ont donc été introduits par certains de ses douze adversaires dans la circonscription qu’elle brigue (et non par le seul candidat du PDG dans la circonscription comme l’ont indiqué par mégarde certains de nos confrères).

« Lambert Assang est un militant de longue date du PDG. Il a exercé jusqu’à une date très récente des responsabilités au niveau local. De nombreux éléments l’attestent », indique un membre du PDG dans le 1er arrondissement qui dit continuer avoir des relations amicales et politiques suivies avec celui qu’il considère toujours comme son « camarade ».

« Si les faits sont avérés, il s’agit d’une incroyable bévue. C’est l’une des dispositions les plus basiques du Code électoral. On pourrait parler en l’espèce d’une erreur de débutant », explique un professeur de droit constitutionnel, spécialiste du contentieux électoral, à l’UOB.

Par voie de presse et sur les réseaux sociaux, Chantal Myboto Gondjout, qui est la trésorière de l’UN, a tenté de se défendre. Ses partisans ont notamment exhibés une lettre du secrétaire fédéral du PDG d’Okala, Ambroise Ntoutoume Ndong, censé attester du fait que le suppléant de Chantal Myboto Gondjout n’a jamais véritablement été un membre actif du PDG. Dans cette lettre, Ambroise Ntoutoume Ndong, indiquerait que Lambert Assang aurait été « copté » par les structures de base du parti mais que « son non engagement aux activités » du même parti avait fini par lui valoir d’être «radié des effectifs ».

Critiques de népotisme en interne

Problème : Ambroise Ntoutoume Ndong dément être l’auteur d’une telle lettre. Par ailleurs, comme l’ont confirmé différentes sources à la fois au sein du PDG mais également dans deux partis de l’opposition, de nombreux éléments matériels et témoignages attesteraient de l’engagement du suppléant de Chantal Myboto Gondjout au sein du parti au pouvoir. En outre, d’autres contestent formellement, y compris au sein de l’UN, le fait que Lambert Assang aurait détenu une carte de membre de l’UN depuis mai 2015. Une copie de celle-ci circule sur les réseaux sociaux mais beaucoup doutent de son authenticité.

« C’est rageant de voir que notre parti peut perdre ses chances de l’emporter sur une erreur aussi basique », peste Marcellin, militant de l’UN dans le 1er arrondissement. En aparté, celui-ci nous confie que certains responsables du parti ne serait pas mécontent de voir la candidature de Chantal Myboto être invalidée. « Dans notre mouvement, beaucoup pointent du doigt le népotisme qui règne au sein de l’Union Nationale. Il n’est pas besoin de vous rappeler que Chantal Myboto est la fille du président du parti, Zacharie Myboto. C’est peut-être grâce à cela qu’elle en est notamment devenue la trésorière », glisse-t-il. Une critique qui émane notamment de l’entourage de Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, l’autre grande figure du parti et probable successeur à sa présidence de Zacharie Myboto.

C’est la Cour constitutionnelle qui devra trancher cette affaire. Elle devrait le faire rapidement, la campagne officielle pour les élections législatives débutant officiellement le 25 septembre prochain à minuit, soit dans moins d’une semaine.