[Editorial] Gabon : La sécurité, première des libertés

Le leader du gang des PK, Monguengui Mboumba, alias « M12 », interpellé avec le reste de sa bande début mars @ DR

Les pouvoirs publics doivent faire de la sécurité l’une de leurs priorités absolues. Tant au niveau national que local. Mais en ce domaine comme en d’autres, la société a aussi sa part de responsabilité.

La principale qualité reconnue au Gabon à l’extérieur ? Sa stabilité. Dans une zone, l’Afrique centrale, où les tensions sont fortes, notre pays est largement perçu comme un îlot de stabilité. Il s’agit d’un bien précieux à préserver à tout prix.

En revanche, il est une préoccupation grandissante pour les Gabonais, ceux notamment, et ils sont nombreux, qui vivent dans les grandes villes. Un phénomène qui « pourrit » la vie des habitants au quotidien : la délinquance. Si son ampleur reste largement inférieure à celle que connaissent d’autres pays, ces dernières années, celle-ci a eu tendance à augmenter au Gabon au point de changer l’ambiance dans certains quartiers. Demander aux habitants des PK à Libreville, ils vous le diront. Violences en plein jour, vols à main armée, braquages, trafics en tout genre, incivilités, etc. Les délits commis au quotidien ne cessent d’augmenter à mesure que l’autorité s’affaisse.

Cette violence est d’autant moins tolérable qu’elle est le fait de personnes de plus en plus jeunes. De jeunes adultes, mais aussi souvent de mineurs. Il y a quelques jours à Libreville, la police a démantelé un « gang » qui faisait régner la terreur dans les quartiers Malaba, PK 9, 10, 11, 12 et Bikele (lire notre article à ce sujet). D’autre part, cette violence touche en priorité les quartiers pauvres où se concentrent les plus démunis, rajoutant souvent de la difficulté aux difficultés déjà pesantes du quotidien. C’est le cas notamment, dans la capitale gabonaise, des quartiers Akébés, Dragon, Nkembo, Cocotiers ou encore Kinguélé.

La montée de la violence, de la délinquance juvénile, n’est pas une fatalité. Il est possible sinon de l’éradiquer, à tout le moins de la réduire à sa plus simple expression. Les pouvoirs publics doivent en faire une priorité en mettant en place un plan d’action combinant à la fois répression (policière), sanction (judiciaire) et réhabilitation (à travers la rééducation et le travail).

Cela concerne à la fois l’échelon national mais également le niveau local. Alors que les maires des 52 communes du Gabon ont officiellement pris leurs fonctions ce mardi 12 mars, ceux-ci, qui détiennent les pouvoirs de police municipale, doivent faire de la lutte contre l’insécurité au quotidien une de leurs priorités absolues.

Ces derniers mois, au sein de l’appareil d’Etat, une prise de conscience sur la nécessité d’agir s’est opérée. Des actions fortes sont désormais entreprises. Ainsi, dans la nuit du 8 au 9 mars dernier à Libreville et à Ntoum la dernière « opération de sensibilisation et de lutte contre l’insécurité » a permis d’interpeller près de 150 jeunes, dont de nombreux mineurs, pour différents motifs.

Mais sur ce sujet comme sur d’autres, les pouvoirs publics ne sont pas les seuls responsables. Comment expliquer que des jeunes, des mineurs traînent dans les rues de nos villes à des heures aussi tardives et commettent de tels forfaits ? Ou qu’ils manquent plus simplement de respect à leurs aînés ? Où sont les parents, où sont les familles ? L’enfant roi, tel qu’il est conçu en Occident (où la délinquance des mineurs a explosé), a engendré de véritables démons. « Pas de ça chez nous », entend-t-on souvent dans les rues de nos villes. A raison. S’il faut sanctionner les mineurs délinquants, il faut également responsabiliser les familles et l’entourage qui ne doivent pas se laver les mains de l’autorité qu’ils devraient exercer.

En matière de lutte contre la délinquance, en particulier juvénile, s’il faut se garder de tout accès d’autoritarisme, il ne faut pas non plus, comme en France par exemple, sombrer dans l’angélisme. Quoi qu’on en dise en effet, la première des libertés reste la sécurité.