Gabon : Rompant avec Guy Nzouba-Ndama, Séraphin Akure-Davain crée son propre et se positionne pour la présidentielle

Séraphin Akure-Davain a annoncé ce jeudi 11 mai la création de sa propre formation politique, Les Démocrates Libres © DR

Lors d’une conférence de presse très attendue ce jeudi 11 mai, Séraphin Akure-Davain, considéré comme l’une des figures les plus solides de l’opposition gabonaise, a annoncé qu’il quittait les Démocrates, le parti dirigé par Guy Nzoumba-Ndama, avec lequel il était en froid, pour créer son propre parti, Les Démocrates Libres.  

Trois jours seulement après avoir été écarté de son poste de président honoraire des Démocrates par Guy-Nzouba Ndama (lire notre article), Séraphin Akure-Davain n’a pas tardé à rebondir. Et de quelle manière !

Le député de Lambaréné, âgé de 65 ans, une figure respectée de l’opposition au Gabon, a annoncé ce jeudi la création de son propre parti : Les Démocrates Libres. Rien que le nom est un pied-de-nez à son ancienne formation, Les Démocrates, qu’il juge caporalisée par son président.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour discuter de la situation au sein du parti Les Démocrates. Comme nous le savons, nos ennemis ne sont pas toujours à l’extérieur, mais souvent à l’intérieur. C’est pourquoi je suis heureux d’annoncer la naissance des Démocrates Libres », a déclaré M. Akure-Davain sous les applaudissements de ses supporters.

Au sein du microcosme politico-médiatique gabonais, cette décision est tout sauf une surprise. Depuis le 17 septembre dernier et la mise hors-jeu politique de Guy Nzouba-Ndama, pris la main dans le sac à la frontière avec le Congo-Brazzaville avec 1,18 milliards de FCFA d’argent liquide, c’est Séraphin Akure-Davain, loin devant Philippe Nzengue Mayila ou Jonathan Ignoumba, qui tenait la corde pour remplacer l’ex-président de l’Assemblée nationale comme potentiel candidat à la présidentielle pour le compte du parti.

Les démocrates fracturés, l’opposition atomisée

Mais ces derniers mois, Akure-Davain a fait mieux qu’assurer l’intérim. « Il a volé la vedette à Guy Nzouba-Ndama, et celui-ci en a pris ombrage », confie un proche des deux hommes. « Comme souvent en politique, c’est une question d’égo ».

Lors de la Concertation majorité-opposition pour « des élections aux lendemains apaisés » qui s’est déroulée en février dernier, le député du 2è arrondissement de Lambaréné (Moyen-Ogooué) avait été désigné coprésident pour le compte de l’opposition. « C’est quelqu’un de très bon niveau. Sa maitrise des dossiers et son sens de la négociation lui ont permis de remporter plusieurs arbitrages », se souvient un membre de la majorité.

Guy Nzouba-Ndama ne l’a manifestement pas supporté. L’ex-cacique du PDG, condamné à assister comme spectateur à la présidentielle après sa condamnation en justice et à la tête aujourd’hui d’une formation rabougrie, fait du sur-place. A l’inverse, Séraphin Akure-Davain trace sa route. Il sera, selon toute probabilité candidat à l’élection présidentielle en août prochain. Une mauvaise nouvelle pour Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Bertrand Zibi, Raymond Ndong Sima et les (nombreux) autres candidats d’opposition qui rêvent d’accéder à la magistrature suprême.