Gabon : Quand le premier ministre Julien Nkoghe Bekalé perd son sang froid

Le premier ministre Julien Nkoghe Bekalé lors de l'ouverture du forum de la fonction publique mercredi 8 janvier 2020 © DR

Mercredi dernier, lors de l’ouverture du forum sur la réforme de la fonction publique, le premier ministre a, lors de son discours, interpellé de manière vive certains membres de l’assistance.

Mercredi 8 janvier dernier, le chef du gouvernement était invité à faire le discours d’ouverture du forum sur la réforme de la fonction publique (lire notre article). Alors qu’il déroulait son propos, Julien Nkoghe Bekalé s’est subitement arrêté pour interpeller d’une manière assez tonique quelques personnes dans l’assistance qui, manifestement, exprimaient bruyamment leur opposition.

« L’Etat a l’obligation constitutionnelle de former ses compatriotes, de créer les conditions pour donner du travail aux gens mais pas de recruter tout le monde. Aucune obligation constitutionnelle n’impose à l’Etat de recruter tous les gens. Créer les conditions pour favoriser le travail, oui… », a déclaré le premier ministre, avant de marquer et un temps d’arrêt et de changer de ton : « Alors, vous me laissez terminer, chers gens. Si vous avez voulu faire le bordel, vous sortez ! »

Si ses partisans voient d’un bon œil ce qu’il considère comme une marque d’autorité, ses détracteurs y perçoivent une forme de fébrilité. Depuis, ces derniers temps, la pression s’est accrue sur les épaules de Julien Nkoghe Bekalé de la part du président de la République, Ali Bongo Ondimba, qui, dans son discours de vœux, a rappelé l’exigence d’efficacité dans l’action gouvernementale. En clair, le numéro un gabonais veut des résultats et vite, et il semble s’impatienter.

Pour ne rien arranger, depuis quelques semaines, Libreville bruisse de rumeurs au sujet de l’éventuel départ de Julien Nkoghe Bekalé à la tête du gouvernement. Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire Jeune Afrique soutient que cette hypothèse serait à l’étude et qu’en pareil cas, Denise Mekamne, la ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, pourrait le remplacer (lire notre article). Des spéculations qui ne concourent pas, comme on peut aisément l’imaginer, à la sérénité du côté du premier ministre et de son équipe.