Gabon : Pour l’opposant radical Privat Ngomo, Jean Ping « balade les Gabonais depuis quatre ans »

L'opposant radical Privat Ngomo ne fait plus confiance à Jean Ping pour mener l'opposition à la victoire © DR

Le jeune opposant, président du mouvement New Power, a, dans une déclaration d’une ironie mordante faite vendredi, demandé à Jean Ping de rendre compte de ses « soit disant négociations secrètes » avec la France et l’Union européenne visant à l’installer au pouvoir après le scrutin présidentiel de 2016. Pour Privat Ngomo, comme pour de nombreux cadres de l’opposition radicale, le patron de la CNR n’est plus en mesure de mener l’opposition à la victoire.  

C’est un message tout en ironie qui résume à lui-seul le désarroi de l’opposition radicale.

Après avoir cru à la promesse de victoire en 2016 de Jean Ping, celle-ci est en train de se départir de ses dernières illusions. A preuve, le message cinglant adressé ce vendredi à l’ex-candidat de l’opposition lors de l’élection présidentielle de 2016.

« La France votre interlocutrice privilégiée vous a-t-elle entendue ? Va-t-elle prendre position en faveur de la souveraineté populaire que vous incarnez ? Ou laissera-t-elle perdurer la situation actuelle jusqu’en 2023 ? », fait mine de s’interroger Privat Ngomo, avant de l’inviter à faire le clair sur cette situation dont il se rend compte qu’elle est une impasse. « Exprimez-vous, monsieur le président. Parlez-nous », lui lance-t-il comme un défi.

Un propos public qui reste encore poli. Mais en privé, Privat Ngomo ne s’ embarrasse plus de tournures euphémisées. « Jean Ping balade les Gabonais depuis quatre ans. Il n’a aucun plan pour prendre le pouvoir. Son seul objectif désormais est de se représenter lors de la présidentielle de 2023 », confie-t-il à ses proches.

Un message qui fait écho à celui de Frédéric Massavala

Un message qui rejoint celui d’un autre opposant, Frédéric Massavala, qui, en novembre 2019 avait estimé que Jean Ping, dont il a pourtant été le porte-parole, « enfum(ait) les Gabonais » et « pédal(ait) désormais dans le vide » (lire notre article).

Autant de messages qui soulignent le désarroi d’une partie de plus en plus importante de l’opposition radicale qui se laisse gagner par le doute. Car, et Privat Ngomo le sait, il n’y a pas de discussions avec la France qui a, depuis longtemps, tourné la page des élections de 2016. Les relations entre les présidents Ali Bongo et Emmanuelle Macron sont au beau-fixe et Jean Ping est contraint, pour entretenir l’espoir, de se tourner vers l’opposant le plus farouche au président français : Jean-Luc Mélenchon. Sans doute pas la meilleure façon d’obtenir la moindre inflexion de la part de Paris.

Une candidature à la présidentielle de 2023 de plus en plus hypothéquée

Pire, l’Union européenne ne peut plus être pour Jean Ping un recours. Celle-ci a achevé de normaliser ses relations avec Libreville au terme d’un dialogue conclu en décembre 2019, faisant ainsi perdre au patron de la CNR ses dernières illusions sur un hypothétique coup de pouce de la part de Bruxelles.

Dépourvu de soutien à l’extérieur, Jean Ping est également très contesté à l’intérieur du pays par les vieux barons de l’opposition (Guy Nzouba-Ndama, Alexandre Barro Chambrier…) comme par la jeune garde (Appel à agir, Parti pour le changement…). Dans ces conditions, on voit mal comment l’ex-directeur de cabinet d’Omar Bongo pourra s’aligner lors de la présidentielle de 2023, sauf à hypothéquer les chances de son camp. Il aura alors 81 ans.