Pas moins de 715 tonnes de riz, 72 tonnes de poissons, 286 tonnes d’huile, 7 tonnes de sucre et 143 tonnes de savon seront remis aux 143 députés, de la majorité comme de l’opposition, ainsi qu’aux différents maires d’arrondissement de Libreville, afin qu’ils les distribuent dans leur circonscription aux quatre coins du pays. Mais gare aux aigrefins…
Il a tenu lui aussi à répondre à l’appel à la solidarité lancé par le chef de l’Etat. A suivre son exemple aussi, le président ayant créé sur ses deniers personnels un fonds santé pour prendre en charge la part non remboursée par la CNAMGS des frais médicaux pour les Gabonais les plus démunis (lire notre article).
« Il », c’est le coordinateur général des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin. Dans un courrier adressé ce mardi 21 avril au président de la République, celui-ci a fait part de son intention de faire un « giga-don » – selon l’expression d’un de ses collaborateurs – aux populations de tout le pays.
Ce geste n’aurait pas dû être rendu public, mais certains députés et maires, qui ont reçu un courrier, se sont empressés de l’éventer. En effet, c’est par eux, ces élus de terrain présents sur l’ensemble du territoire, que s’opérera la distribution de ce don.
Son contenu recèle à la fois des produits alimentaires et des produits d’hygiène de première nécessité : 715 tonnes de riz, 72 tonnes de poissons, 286 tonnes d’huile, 7 tonnes de sucre et 143 tonnes de savon.
Exemple, pour la seule mairie du 4ème arrondissement de Libreville, ce sont 5 tonnes de riz, 500 kg de poissons, 2 tonnes d’huile, 50 kg de sucre et 1 tonne de savon qui seront distribués.
« Noureddin (Bongo Valentin) est un peu dans le rôle de Hercule qui nettoie les écuries d’Augias »
Mais gare aux indélicats ! Dans le courrier reçu par les 143 députés du pays et les différents maires d’arrondissement de la capitale, le coordinateur général des affaires présidentielles prend soin de préciser que « la distribution de ces denrées devra se faire (…) selon les règles d’éthique, telles que le commande le président de la République, qui conduit actuellement une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption ». Une référence à l’opération Scorpion qui a conduit récemment sous les verrous une vingtaine d’ex-hauts responsables publics soupçonnés d’avoir massivement détourné des fonds publics.
Depuis sa nomination au poste de coordinateur général des affaires présidentielles début décembre 2019, Noureddin Bongo Valentin a très rapidement pris ses marques, s’investissant pour le compte du président, dont il est sans conteste l’homme de confiance, dans les dossiers à fort impact économique, social et environnemental. Il est également particulièrement soucieux (ses collaborateurs disent « sourcilleux ») de l’efficacité de l’action publique (qui doit impérativement produire, répète-t-il à l’envie, des résultats), ainsi que du bon emploi des deniers publics.
De ce point de vue, « il y a clairement de sa part une volonté de rompre avec la dernière décennie, marquée par des abus importants, au début comme à la fin (…) Noureddin (Bongo Valentin) est un peu dans le rôle de Hercule qui nettoie les écuries d’Augias », souffle l’un de ses intimes. La mise en garde contenue dans le courrier qu’il vient d’adresser aux députés et aux maires d’arrondissement en fournit une nouvelle preuve.
