Gabon : Marchés publics, recettes municipales, voitures, bateaux, costumes… De quoi le maire de Libreville, Léandre Nzué, est-il soupçonné ?

L'étau judiciaire se ressere peu à peu autour du maire de Libreville, Léandre Nzué © DR

Placé en garde à vue le 11 septembre dernier à l’issue de son audition par les services de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM), communément appelé B2, Léandre Nzué est interrogé sur « sa gestion des recettes municipales, ainsi que sur des dépenses vestimentaires », renseigne La Lettre du Continent. Des informations recoupées et vérifiées par La Libreville

Dans le viseur de la Justice gabonaise, figurent, dixit le bi-mensuel, « les conditions de passation de certains marchés de gré à gré, ainsi que la perception des recettes municipales » qui auraient fait l’objet de détournement à des fins d’enrichissement personnel. Un système de racket dont auraient été victimes de dizaines de commerçantes de la capitale aurait, en particulier, été mis en place (lire notre article).

Les enquêteurs s’intéressent également, ajoute La Lettre du Continent, « à plusieurs dépenses excessives de l’édile, notamment son parc automobile qui compte plus de dix voitures, ainsi que ses bateaux de plaisance ».

Et le bi-mensuel de rappeler qu’« en 2019, Léandre Nzué avait choqué le tout-Libreville en faisant venir au Gabon le représentant du couturier sénégalais installé à Paris, Pape Ibrahima Ndiaye, pour une séance d’essayage de costume ». Une énième dépense somptuaire que les enquêteurs soupçonnent d’avoir été payée, directement ou indirectement, par des fonds publics.

Dans le cadre de ce dossier, Léandre Nzué, 63 ans, élu maire de Libreville en février 2019 suite à la très large victoire du PDG dans la capitale lors des élections municipales d’octobre 2018, est défendu par Me Jean Paul Moumbembe, le célèbre avocat qui défend plusieurs accusés dans le cadre de l’opération Scorpion, ainsi que Lubin Ntoutoume, le bâtonnier de l’ordre des avocats au Gabon.

Pour rappel, le 8 juin 2019 dans un discours le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba avait déclaré vouloir mettre un terme à la corruption « endémique » au Gabon. Quelques mois plus tard, une vaste opération anti-corruption dénommée Scorpion était lancée, qui a conduit une trentaine d’ex-hauts-responsables publics sous les verrous, dont l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga.

L’interpellation et le placement en garde à vue aujourd’hui du maire de Libreville rappelle, si besoin en été, qu’il s’agit bien d’un mouvement de fond, pérenne, qui n’épargne personne, quel que soit son statut ou sa proximité avec le pouvoir.