Au Gabon, l’UN s’attire les critiques jusque dans les rangs de l’opposition : « pour tenter d’exister, Myboto en est réduit à pondre des communiqués sur la santé d’Ali Bongo »

Zacharie Myboto, le président de l'Union Nationale © DR

Laminée lors des élections législatives, l’Union nationale tente de se refaire une santé en focalisant son discours sur Ali Bongo. Une stratégie critiquée jusque dans les rangs de l’opposition.

Le communiqué, il est vrai, est passé presque inaperçu. « Il faut dire que la plupart des médias commencent à se lasser », ironise un cador de l’opposition. Ce mercredi 5 décembre, l’UN a publié un énième communiqué sur Ali Bongo. Cette fois-ci, pour mettre en cause sa capacité à diriger le pays. « Qu’en sera-t-il la fois prochaine ? Ils demanderont peut-être une photo du Président en train de se brosser les dents », s’amuse un responsable du PDG.

Il faut dire que l’UN semble désormais avoir la passion exclusive. Depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo à Riyad le 24 octobre dernier, ce parti d’opposition a publié quatre communiqués. Tous ont concerné la santé du président. « Manifestement, l’UN n’a plus rien à dire aux Gabonais », constate narquois l’un des lieutenants d’Alexandre Barro Chambrier, le leader du RHM.

2 députés seulement à l’assemblée

Qu’est-ce qui explique cette stratégie de focalisation sur Ali Bongo et ses ennuis de santé de la part du parti de Zacharie Myboto ? Les observateurs sont unanimes à ce sujet. Leur réponse fuse, identique. Il s’agit pour l’UN de faire oublier les résultats catastrophiques des élections d’octobre dernier.

En effet, l’Union Nationale a été le grand perdant des dernières élections. Elle n’aura dans la prochaine assemblée que 2 députés, alors que le RHM d’Alexandre Barro Chambrier en comptera 4 et Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama 11.

Du coup, « l’UN n’a d’autre choix que de faire du bruit médiatique pour continuer d’exister. Ils seront en effet transparents à l’assemblée nationale », explique un professeur en science politique de l’UOB qui rappelle que « l’une des principales figures du parti, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, a subi une très lourde défaite dès le premier tour des législatives à Akanda ».

« Mais », selon lui, « ça n’est pas ainsi que l’UN se redressera. Les électeurs attendent plutôt d’un parti d’opposition qu’il formule des contre-propositions. Là, c’est de la vieille politique. Ça fait un peu de bruit médiatique. Mais au final, il n’en ressort rien de concret », conclut l’universitaire.

Critiques des Démocrates et du RHM

Jusque dans l’opposition, la stratégie de l’UN est critiquée. « Pour tenter d’exister, Zacharie Myboto et les autres responsables de son mouvement en sont réduits à pondre des communiqués sur la santé d’Ali Bongo », ironise l’un des responsables des Démocrates, le parti de Guy Nzouba Ndama. « Pendant que nous, on ferraillera à l’assemblée nationale, eux continueront à faire des communiqués pour les médias. Car on sait pertinemment que tout ça ne sert à rien. Ça ne fait pas avancer le sujet d’un iota et ça n’est pas ce que les Gabonais attendent de nous », ajoute cette figure des Démocrates, convaincue que ça n’est pas ainsi que l’opposition regagnera du terrain. Pire. « Au final, c’est contre-productif. On donne l’impression de parler sans aucun effet. C’est juste de la com », ajoute-t-il.

Aujourd’hui, dans une publication sur sa page page Facebook, Victorine Tchicot, l’une des responsables du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), le parti d’Alexandre Barro Chambrier, a appelé l’opposition à « plus de travail et à moins de distraction. » Une critique adressée en particulier à l’Union Nationale de Zacharie Myboto.