Gabon : Les retraités pris en otage par les syndicats de la CNSS qui bloquent le versement de leurs pensions

Les retraités au Gabon ne toucheront pas leurs pensions à temps en raison de la grève des syndicats © DR

Au Gabon, les syndicats de la Caisse nationale de sécurité sociale sont en grève. Afin de faire pression sur le gouvernement et obtenir le paiement d’un treizième mois, ils bloquent le paiement des pensions aux retraités. Une situation incompréhensible pour les intéressés. 

« Irresponsable et égoïste ». Jean-Pierre retraité de la fonction publique ne décolère pas. Comme des milliers de retraités au Gabon, sa pension de retraite ne sera pas probablement versé dans les délais ce mois-ci.

La cause : des organisations syndicales (Synapp, Syp CNSS, Syna – CNSS, etc., réunis au sein de la Cosy CNSS) se sont mises en grève. Leur revendication : obtenir le paiement d’un treizième mois.

« J’ai été fonctionnaire. Nous avons la sécurité de l’emploi. Nous avons une bonne rémunération. Et voilà que certains en demandent toujours plus », fulminent Jean-Pierre.

Antoine, ancien employé d’une société pétrolière habitant à Port-Gentil, lui aussi à la retraite ne comprend pas ce mouvement. « Vu l’état catastrophique des finances de la CNSS, ces fonctionnaires devraient faire un effort. Mais non. Alors que le bateau menace de couler, eux, préfèrent creuser un trou dans la coque. C’est hallucinant », peste-t-il.

De fait, les finances de la Caisse nationale de sécurité sociale sont dans un état très préoccupant.

28 milliards de déficit 

Cette situation a poussé le président de la République, en milieu d’année dernière, a tapé du poing sur la table. Résultat : la direction précédente a été révoquée et un administrateur provisoire, Christophe Eyi, nommé (lire notre article).

Celui-ci s’emploie depuis, dans un contexte tendu, à redresser la barre du navire. Dans ce contexte, le treizième mois réclamé par les syndicats est particulièrement mal venu. Complet, celui-ci représenterait quelque 2 milliards de FCFA. Or l’audit réalisé en juin dernier a mis en évidence 28 milliards de déficit, sans compter les 55 milliards de crédits spot laissés par les prédécesseurs, 10 milliards de dette fournisseur réduite à 6 milliards après l’audit et dont 4 milliards ont été réglés par l’actuelle équipe.

« Pris en otage »

« Il n’y a pas de bonus ou de trésor caché. Quand on a 28 milliards de déficit, ce n’est pas le moment de réclamer 2 milliards de francs CFA. C’est à se demander si ces responsables syndicaux réfléchissent », déplore un économiste gabonais spécialisé dans le domaine social.

En attendant, Jean-Pierre et Alain, à l’instar de milliers de retraités au Gabon, s’estiment « pris en otage par des enfants gâtés ». Un point de vue partagé par la grande majorité des Gabonais. L’image des syndicats, déjà passablement écornés, n’en ressortira à l’évidence pas grandit.